Rapports quotidiens

1 Février 2010

Le témoin de Lubanga prétend que son fils à menti à la CPI

Par Wairagala Wakabi

Un témoin de la défense a déclaré au procès de Thomas Lubanga que son fils, qui avait comparu devant la Cour en tant que témoin de l’accusation, avait menti sur le fait d’avoir servi en tant qu’enfant soldat dans l’Union des patriotes congolais (UPC), le groupe que la Cour pénale internationale (CPI) allègue avoir été dirigé par Lubanga.

Lors du contre-interrogatoire mené par le procureur Manoj Sachdeva, le témoin a indiqué avoir discuté avec son fils du témoignage que ce dernier devait faire au procès de Lubanga, qui est accusé de crimes de guerre concernant l’utilisation d’enfants soldats dans des conflits armés.

« Est-ce que le fait que votre fils venait ici pour, selon vous, mentir ne constituait-il pas une bonne raison pour aller voir la police ? », a interrogé Sachdeva.

« Non, ce n’était pas [une] raison. Mon fils m’a dit qu’il était venu ici en plein jour, qu’il ne se cachait pas et que c’était votre bureau, votre tribunal, qui l’avait cité à comparaître pour confirmer s’il avait été ou non enfant soldat », a rétorqué le témoin. « Alors, pourquoi voulez-vous que je sois allé voir la police ? Pensez-vous que la police peut empêcher quelqu’un de venir ici ou le mettre en prison pour cela ? ».

Le témoin, le premier à être cité à comparaître par la défense depuis le 27 janvier 2010, date de la reprise du procès, a déclaré avoir eu vent, dans son village, de rumeurs indiquant qu’il avait reçu de l’argent pour envoyer son fils à La Haye et pour qu’il prétende avoir été un soldat de l’UPC. Par la suite, son fils avait téléphoné et s’était entretenu avec lui, bien qu’ils ne se soient pas rencontrés depuis que le garçon, que son père avait décrit comme « insoumis », avait quitté la maison en 2007.

« Avez-vous dit aux fonctionnaires de la CPI que votre fils venait ici pour mentir sur le fait d’avoir été enfant soldat ? », a interrogé Sachdeva.

Cette question a incité l’avocat de la défense Marc Desalliers à rappeler à l’accusation que le témoin leur avait déclaré la semaine dernière qu’il ne se souvenait pas de la première fois où son fils avait mentionné le fait qu’il allait témoigner à la CPI. « La question de Sachdeva présuppose que le témoin savait que son fils allait venir témoigner devant la Cour », a précisé Desalliers.

Le juge Adrian Fulford était du même avis que Desaillers. « Dans un sens, la première question est de déterminer quand le témoin a su pour la première fois que son fils avait témoigné devant la CPI et dit avoir été enfant soldat », a indiqué le juge Fulford. « En identifiant cette date, on pourra ensuite savoir si le témoin avait connaissance de ce point à une période où il aurait été pertinent ou approprié de formuler une plainte auprès de la CPI… »

Sachdeva a donc demandé au témoin d’indiquer la première fois où il a su que son fils allait témoigner à la CPI et, à son avis, menti à propos de son engagement en tant qu’enfant soldat.

« Pour ce qui est de la date, je ne m’en souviens plus mais je pense que c’était en 2008 », a répondu le témoin mais seulement après que le juge l’ait informé de fournir une réponse directe à la question puisqu’il avait déjà donné des réponses qualifiées d’indirectes par le juge et Sachdeva.

Le juge Fulford a demandé au témoin s’il avait dit aux fonctionnaires de la CPI qui l’avaient visité chez lui, au Congo, si son fils n’avait jamais été enfant soldat.

« Oui, je leur ai dit car ils m’ont posé la question manifestement pour que je leur dise la vérité », a répondu le témoin.

Le témoin, qui a commencé son témoignage le jour où la défense a débuté la présentation de ses éléments de preuve, a indiqué que son fils s’était enfui de la maison en 2007 et qu’il avait ensuite appris qu’une organisation non gouvernementale ayant des bureaux à Béni, une ville de l’est du Congo, et dans la capitale Kinshasa, avait fait passer le garçon pour un enfant soldat.

Il a précisé que durant 2002 et 2003, la période pendant laquelle Lubanga aurait conscrit et utilisé des enfants soldats, il était chez lui avec son fils et, qu’à aucun moment, le garçon n’avait servi dans un groupe militaire.

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