Rapports quotidiens

5 Mai 2010

La défense de Lubanga s’appesantit sur “le vol d’identité” d’anciens soldats de l’UPC

Par Wairagala Wakabi

La défense de Thomas Lubanga, un congolais accusé de crimes de guerre, s’est aujourd’hui appesantie sur la présumée fausse identité d’un individu qui prend part au procès avec le double statut de victime et de témoin.

En janvier de cette année, a comparu devant la cour un témoin qui a déclaré s’appeler  Dieudonné Tonyfwa Urochi, et être un ancien combattant de la milice de l’Union des Patriotes Congolais (UPC). Jeudi passé, un autre témoin a déclaré à la cour qu’il s’appelait Dieudonné Tonyfwa Urochi. Il a raconté qu’il avait été enlevé par des soldats de l’UPC et enrôlé dans le groupe où il a combattu comme ancien soldat.

Aujourd’hui, un nouveau témoin de la défense qui a fait sa déposition sans mesures de protection a prétendu être le père du témoin qui a comparu jeudi passé. On a montré au témoin d’aujourd’hui une photo du témoin de la défense qui a fait sa déposition hier et il a identifié la personne sur la photo comme étant son fils ainé, dont le nom était Dieudonné Tonyfwa Urochi. Le témoin d’aujourd’hui a ensuite expliqué la signification de ces noms et indiqué la raison pour laquelle il a donné ces noms à son fils.

Selon la défense, une victime participant au procès a déclaré à la cour lors qu’il a témoigné en janvier qu’il s’appelait Dieudonné Tonyfwa Urochi et qu’il avait combattu dans les rangs de l’UPC. Les juges ont autorisé l’avocat de la victime à interroger ces trois témoins de la défense, car ils essayaient de jeter le discredit sur le témoignage de la victime participante.

Joseph Keta, l’avocat de la victime en question, a montré une image à la victime d’aujourd’hui – normalement celle de la personne qui a témoigné en janvier.

« Si je vous disais que c’est Dieudonné Tonyfwa Urochi, quelle serait votre réaction? » a  demandé M. Keta.

« Je dirais que c’est faux », a répondu le témoin.

Lors M. Keta lui a demandé s’il était en possession de documents prouvant qu’il était bien le père d’une personne désignée par ces noms, le témoin a répondu qu’il avait des documents pouvant l’attester, mais qu’il les avait laissés en République Démocratique du Congo (RDC).

M. Keta a réservé la plupart de ses questions pour la séance à huis clos parce, d’après lui, ses questions étaient relatives à des individus protégés.

Au cours de son témoignage de la semaine passée, le témoin qui a prétendu être Dieudonné Tonyfwa Urochi a été interrogé aussi bien par M. Keta et les avocats de l’accusation au sujet des écoles qu’il a fréquentées, en quelles années il était dans certaines classes en particulier, ainsi que les circonstances dans lesquelles il est devenu membre de l’UPC. Il a aussi été longuement questionné sur une personne dont le nom n’a pas été révélé et qui a fréquenté la même école que lui.

La déposition des trois témoins de la défense qui a porté sur le présumé vol d’identité confirme la thèse centrale des avocats de M. Lubanga selon laquelle des intermédiaires des enquêteurs de l’accusation de la CPI ont coaché des témoins et procédé à la falsification de preuves.

M. Lubanga, première personne jugée à la Cour Pénale Internationale (CPI), est accusé de conscription, d’enrôlement et d’utilisation d’enfants de moins de quinze ans dans un conflit armé en République Démocratique du Congo au cours des années 2002 et 2003. Il a rejeté toutes les accusations.

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