Rapports quotidiens

4 Novembre 2010

Le témoin en réplique cité par l’Accusation refuse de témoigner

Par Wairagala Wakabi

Aujourd’hui, les juges de première instance au procès de Thomas Lubanga ont appris que la personne que l’Accusation avait prévu de citer comme témoin en réplique ne sera pas à la barre des témoins. Cette personne a déclaré dans des entretiens avec les responsables de la Division des poursuites qu’il était un ancien enfant soldat de l’Union des patriotes congolais (UPC), le groupe que M. Lubanga est présumé avoir dirigé en 2002 et 2003.

Selon les procureurs, cette personne, qui est désignée par le pseudonyme « témoin 555 » devait faire sa déposition sur le prétendu climat de peur et d’intimidation à Bunia dans l’Est du Congo auquel seraient soumis les individus soupçonnés d’avoir coopéré avec la Cour pénale internationale (CPI).

La défense de M. Lubanga, qui est jugé pour le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats, a déclaré que le « témoin 555 » a menti à la cour au sujet de son service militaire présumé.

« La défense soutient qu’aussi bien les membres de la famille du [témoin] 555 que les documents scolaires pertinents révèlent qu’il n’était pas dans l’armée au moment des faits », a déclaré aujourd’hui le juge président Adrian Fulford. D’ailleurs, a-t-il ajouté, « La défense fait valoir qu’il s’agit d’un faux témoin et que l’Accusation n’a pas effectué les contrôles appropriés afin de s’assurer qu’elle allait appeler un témoin véridique ».

Les procureurs de la CPI affirment que M. Lubanga était le chef de l’UPC et de sa milice, qui a utilisé des enfants soldats dans des conflits armés. La défense de M. Lubanga a accusé les intermédiaires de l’Office du Procureur (BdP) de contraindre les enfants à faire un faux témoignage, y compris à mentir en déclarant avoir été enrôlés dans l’UPC.

L’Accusation a déclaré que depuis juillet, le seul contact entre le BdP et le « témoin 555 » avait porté sur sa disponibilité à témoigner. Dans une décision rendue oralement aujourd’hui, les juges ont ordonné que les procureurs révèlent tous les détails de leur communication avec cet individu. Cela est arrivé lors de la confirmation que « témoin 555 » n’allait pas comparaître à la barre des témoins bien que des témoignages le concernant aient été remis en question.

La semaine dernière, le procureur Manoj Sachdeva a déclaré que « bien que le ‘témoin 555’ ait été appelé à témoigner cette semaine, les procureurs devaient encore lui parler pour savoir s’il serait prêt à témoigner ». Il a cependant ajouté que le BdP n’avait pas encore tout à fait décidé s’il fallait l’appeler ou non.

Au cours de ses entretiens avec le personnel du BdP, le « témoin 555 » a déclaré qu’une certaine personnalité qui est liée à M. Lubanga lui a demandé s’il connaissait des personnes qui pourraient accepter de témoigner devant la CPI en faveur de l’accusé. Le témoin a affirmé qu’il comprenait que cette proposition lui était faite à lui.

En juin dernier, les procureurs ont déclaré que ce témoin avait été intimidé par un parent de M. Lubanga, qui effectuerait également des travaux au Congo pour l’équipe de défense de l’accusé. Par conséquent, ont ajouté les procureurs, il était devenu réticent à coopérer avec la CPI.

Au cours des quatre derniers jours, un intermédiaire qui a aidé les enquêteurs du BdP à contacter des personnes qui ont ensuite témoigné contre M. Lubanga a témoigné -, mais toute sa déposition a été faite à huis clos. Les juges ont aujourd’hui ordonné qu’une version expurgée de son témoignage soit publiée en temps voulu.

Le procès doit se poursuivre demain.

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