Rapports quotidiens

26 Juin 2009

Démobilisation difficile pour les enfants soldats

Par Rachel Irwin

Vendredi, un témoin a déclaré à la Cour que les enfants contraints de rejoindre la milice de l’Union des patriotes congolais (UPC) ont souvent éprouvé des difficultés à retourner à la vie civile dans leurs communautés d’origine.

« Vous devez comprendre que ces enfants avaient tué, pillé … et violé des filles … ainsi que des femmes âgées », a expliqué le témoin travaillant dans un centre de démobilisation destinés aux enfants soldats situé dans l’Ituri, une région de la République démocratique du Congo (RDC).

« C’est pourquoi de nombreuses communautés ne souhaitaient pas récupérer les enfants », a-t-il indiqué. Le centre a néanmoins tout mis en oeuvre afin de réunir les ex-enfants soldats avec leurs familles.

Le témoin a expliqué que puisqu’un enfant restait en moyenne 90 jours au centre, les travailleurs sociaux mettaient ce temps à profit pour convaincre les familles d’accepter de reprendre les enfants qu’elles avaient perdus.

Il a indiqué que le centre accompagnait souvent le retour en fournissant des avantages. « Nous pouvions fournir, par exemple, des chèvres ou des éléments pour l’activité agricole », a expliqué le témoin.

Le centre de démobilisation dispensait également un enseignement, une aide psychologique et des cours d’alphabétisation aux ex-soldats.

Le témoin a déclaré que les résidents du centre étaient encouragés à dessiner des schémas de leurs villages et de leurs maisons afin que les travailleurs sociaux puissent localiser leurs familles. Il a indiqué que les dessins étaient devenus l’outil à la disposition du centre le plus utile pour trouver la famille d’un enfant.

Il a précisé que la vérification de l’âge d’un ex-enfant soldat pouvant se révéler un véritable défi. Si l’enfant n’était inscrit nulle part, la mission des Nations Unies au Congo (MONUC) les épaulait en vérifiant toutes les informations disponibles afin de donner un âge approximatif.

« L’apparence physique entrait-elle en jeu ? », a demandé le procureur Nicole Samson.

«  L’apparence physique pouvait être un facteur [mais l’enfant] pouvait sembler avoir 18 ans et ne pas les avoir encore », a répondu le témoin.

Selon le témoin, si les travailleurs sociaux n’arrivaient pas à déterminer l’âge d’un ex-enfant soldat, ils ne l’emmenaient pas au centre.

 

Le témoin a indiqué que c’était les jeunes filles qui rencontraient le plus de difficultés dans la démobilisation. « C’était bien plus difficile pour les filles que pour les garçons », a-t-il précisé.

« Les garçons avaient leur [propre] moyen de quitter [l’UPC]. Les filles étaient surveillées de bien plus près”, a-t-il déclaré.  « Quelques unes avaient été prises comme [épouses] par certains membres de la milice ».

Le procès reprendra mardi 30 juin.

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1 Comment

  1. Que des incohérences dans le procès Lubanga. Quand les uns disent que les filles étaient violées, les autres pour les mêmes filles disent qu’elles étaient prises pour femmes. Il y a lieu de s’interrroger? D’autre part, la présence des ex-combattants en Ituri a donné du travail aux organismes de tout bord, dont certains ont eu le temps de manipuler leur pensionnaire, soit dans le but de préparer des témoins contre Thomas Lubanga, soit en les présentant comme des fous que les parents refusent. Tout cela s’est passé à Bunia. Mais à Djugu ou à Irumu où il y a peu de ces organismes véreux, le climat est serein au sein des familles ayant des ex-combattants. Il est temps que l’on cesse de manipuler les congolais pour des fins inavouées!

    Commentaire par Dhetchuvi Jean-Baptiste — 5 Juillet 2009 @ 06:23