- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Lors de l’audience d’appel, les anciens gardes de M. Lubanga nient avoir été des enfants soldats

Deux anciens gardes du corps de Thomas Lubanga ont déclaré aujourd’hui aux juges d’appel de la Cour pénale internationale (CPI) qu’ils n’étaient pas des enfants soldats lorsqu’ils avaient rejoint sa milice.

Témoignant à l’audience d’appel en faveur de M. Lubanga, qui a été condamné en 2012 pour l’utilisation d’enfants de moins de 15 ans, Augustin Mbogo Malobi et Justin Kpadhigo Logo ont donné leurs dates de naissance et ont indiqué qu’ils avaient respectivement 19 et 18 ans à l’époque.

Le procureur a toutefois remis en cause la déposition que les deux témoins avaient apportée, suggérant que les deux personnes ne pouvaient pas être certaines de leurs dates de naissance.

M. Malobi et M. Logo ont témoigné sans mesures de protection via un lien vidéo depuis la ville de Bunia située en République démocratique du Congo.

Les avocats de la défense Catherine Mabille et Jean-Marie Biju-Duval ont visualisé les vidéos des témoins qui avaient été précédemment utilisées par l’accusation pour montrer de jeunes combattants, des enfants soldats présumés appartenant à la garde personnelle de M. Lubanga.

Les témoins se sont identifiés dans le groupe de jeunes soldats présentés dans les vidéos. Ils ont également confirmé que les vidéos avaient été filmées à Bunia alors qu’ils servaient dans la garde présidentielle de l’Union des patriotes congolais (UPC). Les témoins ont également identifié leurs cartes d’électeur, émises en 2006 et renouvelées en 2011 que la défense a présenté en tant qu’élément de preuve.

En mars 2012, M. Lubanga a été déclaré coupable du recrutement et de la conscription d’enfants de moins de 15 ans et de les avoir utilisé activement lors d’un conflit armé dans la région d’Ituri de la République démocratique du Congo en 2002 et 2003. Les juges de première instance de la CPI ont conclu que M. Lubanga était le président et le commandant en chef de l’UPC ainsi que de sa branche armée et qu’il avait des enfants soldats au sein de sa garde personnelle.

Dans le verdict, cependant, les juges ont conclu que neuf personnes qui avaient témoigné avoir servi en tant qu’enfants soldats avaient menti quant au fait d’avoir moins que l’âge requis pour être combattant et leurs témoignages avaient été rejetés. Ils témoignaient tous à charge contre M. Lubanga.

M. Lubanga, qui a été condamné à 14 ans de prison, a fait appel de sa condamnation et de sa peine. L’accusation a fait appel auprès des juges afin d’augmenter la peine.

Mr. M. Malobi a déclaré être né en 1983. Il a montré deux photographies comportant des individus qu’il a tous désigné par leur nom et il a indiqué que toutes ces personnes, dont il faisait partie, constituaient les membres de la garde personnelle de M. Lubanga. Il a précisé que les photographies avaient été prises à la résidence de M. Lubanga située à Bunia par des casques bleus français.

Il a expliqué que les casques bleus avaient désarmé les combattants mais que M. Lubanga avait été autorisé d’avoir 11 gardes du corps armés. « Nous étions membres de cette unité de gardes du corps. Les photographies ont été prises dans notre résidence », a déclaré le témoin.

Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de l’accusation Manoj Sachdeva, M. Malobi a reconnu qu’il n’avait pas d’acte de naissance et qu’il ne connaissait pas l’âge de ses frères et sœurs. Il n’a pu se souvenir à quel âge il était rentré à l’école primaire.

« La seule manière pour que vous puissiez connaître votre âge est de savoir quand vous avez commencé l’école primaire, n’est-ce pas ? », a demandé M. Sachdeva.

M. Malobi a répondu, « Je ne me souviens pas ».

Entretemps, M. Logo a affirmé être né en 1984 et avoir rejoint l’UPC en mars 2002. Il a déclaré que sa mère lui avait indiqué sa date de naissance lorsqu’il avait commencé l’école primaire et lui avait montré un document provenant d’un hôpital pour le prouver.

Il a précisé avoir vécu dans le camp de M. Lubanga lorsqu’il faisait partie des deux premiers gardes du corps. Il a quitté l’UPC lorsque M. Lubanga était parti en Ouganda, d’où il avait été transféré vers la capitale congolaise Kinshasa puis à La Haye.

En janvier dernier, les juges d’appel ont autorisé M. Lubanga à ajouter un nouveau motif d’appel relatif à la non-divulgation par le procureur à l’accusé de preuves que la défense considère être à décharge. Les preuves, qui comprennent une liste des noms et des photographies de membres de la garde présidentielle de l’UPC, sont considérées comme pertinentes par rapport à la conclusion sur l’utilisation d’enfants de moins de 15 ans dans la garde présidentielle de M. Lubanga.

Les juges ont considéré que cette preuve de la défense concernant la non-divulgation cherchait « à remettre en cause la fiabilité d’une immense partie des conclusions sur lesquelles la condamnation de M. Lubanga est basée ».

Les audiences d’appel se poursuivront demain au cours desquelles les parties et les participants au procès s’adresseront aux juges sur des questions relatives aux appels.  M. Lubanga devrait également faire une déclaration sans prêter serment devant les juges.