- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Un intermédiaire est interrogé sur les paiements effectués par le CPI

Un intermédiaire des enquêteurs de l’Accusation a aujourd’hui été interrogé par les avocats de la défense représentant Thomas Lubanga, accusé pour crimes de guerre, sur les différentes sommes qui lui ont été versées par la Cour pénale internationale (CPI).

L’avocat de la défense Marc Desalliers a demandé  à l’« intermédiaire 316 », qui continuait son témoignage commencé le lundi, d’expliquer les différents bordereaux de paiement qui ont été présentés à la Cour.

Il a demandé à l’intermédiaire s’il a touchait un salaire avant novembre 2005, année où il a signé un contrat avec la cour. L’intermédiaire a répondu qu’on lui remboursait seulement ses frais lorsqu’il travaillait pour les enquêteurs du Bureau du Procureur (BdP).

Autre question de M. Desalliers : « Au cours de la phase informelle de vos relations avec le BdP entre le mois d’avril 2005 et le début de votre contrat en novembre 2005, avez-vous perçu un salaire? »

Réponse du témoin : « Je dirais que non, il n’y avait pas de salaire ; Il y a eu remboursement des frais engagés. Toutefois, lorsque les choses se sont développées, le BdP a subvenu à mes besoins en termes de salaire parce qu’il m’a fallu consacrer suffisamment de temps au travail sur le terrain. »

Selon lui avant la signature du contrat avec la Division des Poursuites de la CPI, sa paye dépendait du nombre de jours travaillés.

L’intermédiaire a précisé que bien qu’il y ait des bordereaux de paiement datant d’avant la signature du contrat, et qui semblaient indiquer qu’il avait un salaire, il ne percevait en fait qu’une indemnité journalière correspondant aux jours où il travaillait.

M. Desalliers a ensuite montré à l’intermédiaire un reçu du 25 septembre 2005 pour un remboursement de 880 USD d’indemnité de subsistance et un salaire 490 USD pour 11 jours. Selon l’avocat de la défense, ce reçu était une preuve que l’intermédiaire recevait un salaire en plus des indemnités de subsistance.

 En réponse, l’intermédiaire a indiqué que c’était pour faire face à ses dépenses lors de ses déplacements en Ouganda voisin. « J’avais des frais d’hôtel, les repas et autres frais à payer », a déclaré l’intermédiaire, répétant qu’il ne percevait pas de salaire à l’époque.

Témoignant avec une déformation de la voix et du visage, l’intermédiaire a fait la plus grande partie de sa déposition à huis clos. Le juge président Adrian Fulford a déclaré qu’il fallait que l’intermédiaire fasse la plus grande partie de son témoignage à huis clos parce que son témoignage aurait révélé son identité. « Une transcription de l’audience de ce matin avec les expurgations appropriées sera publiée en temps voulu », a déclaré le juge.

Un témoin à charge a déclaré à la Cour que cet intermédiaire lui a donné de l’argent, puis l’a coaché pour qu’il fasse un faux témoignage selon lequel il avait été un enfant-soldat avec l’Union des patriotes congolais (UPC), groupe qui d’après les procureurs était dirigé par M. Lubanga.

Le témoin à charge a également affirmé que l’intermédiaire lui a dit de mentir aux enquêteurs de l’Accusation en leur disant qu’il connaissait des enfants qui ont été enrôlés dans l’UPC, qu’il a vu les jeunes à l’entraînement tués par peloton d’exécution pour refus d’obéissance aux ordres des commandants, et que des filles soldats sont tombées enceintes alors qu’elles étaient dans l’UPC.

En outre, le témoin a indiqué à la Cour en mars de cette année qu’en raison des pressions exercées par l’intermédiaire, il a menti aux enquêteurs en 2005 en déclarant qu’il avait vu des commandants de la milice de l’UPC dans les bureaux de M. Lubanga. Depuis le début de son témoignage lundi, l’intermédiaire a nié toutes ces allégations, soulignant qu’il n’avait ni donné de l’argent ni coaché aucun témoin.

M. Lubanga est accusé de conscription, d’enrôlement et d’utilisation d’enfants dans des conflits armés en République démocratique du Congo. Il a nié les accusations et affirmé que des intermédiaires ont soudoyé et coaché tous les enfants qui ont déclaré à la cour qu’ils avaient servi en tant que soldats de l’UPC.

La défense de M. Lubanga a également affirmé que les parents de ces enfants ont été soudoyés pour qu’ils témoignent à charge contre l’accusé. La défense a indiqué qu’elle déposera une demande le mois prochain pour que les juges classent l’affaire pour cause de cette falsification présumée de preuves.

Demain matin, la défense continuera le contre-interrogatoire de l’« intermédiaire 316 ».