- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

L’intermédiaire: je n’ai soudoyé ni les anciens enfants soldats ni leur parents

Un intermédiaire des enquêteurs de l’accusation a aujourd’hui nié avoir soudoyé d’anciens enfants soldats ou leurs parents pour qu’ils fassent un témoignage incriminant contre Thomas Lubanga, qui est accusé de crimes de guerre.

Témoignant pour la deuxième journée, l’individu désigné par la Cour sous le nom ‘d’intermédiaire 321’, a déclaré qu’il n’avait demandé à personne de faire un faux témoignage ni corrompu personne pour qu’il en fasse de même. Il a dit que l’argent qu’il a donné à d’ex-enfants soldats et à leurs parents était pour leur transport aller/retour vers les lieux où ils étaient interrogés par les enquêteurs de l’accusation.

Le témoin a également déclaré qu’il a donné aux parents des anciens enfants soldats 10 US $ chacun, qu’ils ont laissés chez eux avant d’accompagner les enfants à des entrevues avec les enquêteurs.

Il a déclaré: « Nous avions affaire à des gens responsables, des gens qui sont des chefs de famille et [ils] n’auraient pas accepté de quitter leur famille sans y laisser de ressources. » Et a-t-il ajouté : « Avant qu’un membre de la famille ne quitte [sa maison], je lui remettais 10 $ US, et cet argent était laissé à la famille. »

L’intermédiaire a dit au procès présidé par le juge Adrian Fulford qu’il n’avait jamais dit à un enfant ou un parent de mentir aux enquêteurs au sujet de la présence des enfants comme combattants dans l’Union des patriotes congolais (UPC). M. Lubanga, le présumé ancien chef de l’UPC, est en procès à la Cour pénale internationale (CPI) pour recrutement, enrôlement et utilisation d’enfants soldats dans des conflits armés en République démocratique du Congo. Il a nié les charges dont, selon les procureurs, il s’est rendu coupable en 2002 et 2003.

Les juges ont ordonné à l’accusation de faire comparaître à la barre ‘l’intermédiaire 321’, après qu’un certain nombre de témoins de la défense l’aient impliqué dans divers actes de falsification de preuves. Entre autres, certains témoins ont affirmé que cet intermédiaire a soudoyé certains individus qui n’ont jamais été enfants soldats pour qu’ils mentent aux enquêteurs et disent qu’ils étaient d’anciens membres de l’UPC. Certains de ces individus ont ensuite témoigné à charge et prétendu qu’ils avaient été enrôlés dans l’UPC.

L’intermédiaire a aujourd’hui déclaré au procès qu’aucun des enquêteurs qu’il a rencontrés ne lui a jamais indiqué quelles questions ils allaient poser aux enfants ou à leurs parents. Il a également dit qu’il n’a jamais demandé aux enfants ou à leurs parents quel avait été l’objet de leurs discussions avec les enquêteurs.

« Je n’avais aucune idée de ce qui allait être discuté et je n’ai jamais dit à aucun enfant ou un parent ce qui allait être dit. Et je n’ai jamais dit à aucun enfant ou parent d’aller mentir », a déclaré ‘l’intermédiaire 321’.

L’intermédiaire, qui a témoigné avec des mesures de protection telles que la déformation de la voix et du visage, a nié avoir jamais demandé à aucun enfant de mentir sur son nom ou sa date de naissance. La plus grande partie de cette déposition a été faite à huis clos.

Selon la défense de M. Lubanga, tous les huit témoins à charge qui ont affirmé avoir été des enfants soldats UPC n’ont jamais été membres du groupe. La défense affirme qu’elle est sur le point de déposer une demande pour que les juges envisagent de classer sans suite l’affaire contre M. Lubanga en raison du vice de procédure perpétré par les intermédiaires.

Outre ‘l’intermédiaire 321’, deux autres intermédiaires et trois enquêteurs vont aussi témoigner sur la falsification présumée de preuves.

Demain la défense commence le contre-interrogatoire de ‘l’intermédiaire 321’.