Rapports quotidiens

30 Juin 2010

L’intermédiaire déclare au procès de Lubanga qu’il n’a pas coaché des témoins

Par Wairagala Wakabi

Un intermédiaire des enquêteurs de l’accusation de la Cour pénale internationale (CPI) a nié avoir dit à d’anciens enfants soldats de faire un faux témoignage sur Thomas Lubanga, qui est accusé de crimes de guerre.

Au début de son témoignage aujourd’hui, ‘l’intermédiaires 321’ a dit à la cour qu’il n’avait jamais demandé aux enfants de mentir sur leur âge, leur village d’origine, ou la façon dont ils sont devenus des soldats de la branche armée de l’Union des patriotes congolais (UPC).

Le Procureur Nicole Samson a demandé à l’intermédiaire s’il avait ordonné aux enfants de raconter des mensonges aux enquêteurs du Bureau du Procureur (BdP) à qui il les a présentés.

« Non, je n’ai rien dit aux enfants », a répondu ‘l’intermédiaire 312’. Il a ajouté: « Je savais déjà qu’il s’agissait d’enfants qui ont pris part à la guerre et je ne pouvais avoir aucune influence sur eux et suggérer qu’ils disent quoi que ce soit [de faux] lors de l’entrevue. »

Mme Samson a ensuite demandé: « Avez-vous encouragé l’un des enfants à dire qu’ils avaient été recrutés de force par Thomas Lubanga? »

Le témoin a répondu qu’il n’avait aucune raison de demander aux enfants de mentir sur la façon dont ils sont devenus des combattants de l’UPC. Il a dit que, bien avant que les enfants ne rencontrent les enquêteurs, ils avaient rempli des formulaires dans lesquels ils ont indiqué les noms de leurs parents, leurs villages d’origine, et comment ils sont devenus membres des groupes armés. Certains de ces formulaires n’avaient pas de rapport avec leur participation au procès, mais à plutôt avec leur réunification avec leur famille.

« Chaque enfant a expliqué comment il était devenu membre de l’armée. Je n’avais aucune raison de faire dire aux enfants qu’ils avaient été recrutés de force, et je ne savais pas quelles questions allaient leur être posées », a déclaré l’intermédiaire.

Les juges ont ordonné au BdP de faire comparaître ‘l’intermédiaire 321’ pour qu’il témoigne car il a été impliqué dans divers actes de falsification de preuve par un certain nombre de témoins de la défense. Entre autres, des témoins ont affirmé que cet intermédiaire a soudoyé certains individus qui n’ont jamais été enfants soldats pour qu’ils mentent aux enquêteurs et déclarent qu’ils étaient d’anciens membres de l’UPC. Certains de ces individus auraient ensuite comparu comme témoins à charge et prétendu qu’ils ont été enrôlés dans l’UPC.

M. Lubanga, ancien chef présumé de l’UPC, est chargé de recrutement, enrôlement et utilisation d’enfants soldats dans un conflit armé en République démocratique du Congo entre 2002 et 2003.

Selon la défense de M. Lubanga, aucun des huit témoins à charge qui ont affirmé avoir été des enfants soldats de l’UPC n’a en fait jamais été membres du groupe. La défense affirme qu’elle est sur le point de déposer une demande pour que les juges envisagent de classer l’affaire contre M. Lubanga en raison de l’abus de procédure perpétré par les intermédiaires. Outre ‘l’intermédiaire 321’, deux autres intermédiaires et trois enquêteurs du BdP vont également témoigner sur la falsification présumée de preuves.

Lors de son témoignage, dont la plus grande partie a eu lieu à huis clos, ‘l’intermédiaire 321’ a nié avoir dit à l’un quelconque des enfants avec qui il avait traité de mentir sur son nom, ou d’affirmer aux enquêteurs que ses parents étaient morts alors qu’ils étaient encore en vie. Il a aussi nié avoir promis à l’un quelconque des enfants que s’il mentait aux enquêteurs il allait  recevoir de l’argent ou d’autres avantages.

« Pourquoi dirais-je à un enfant de mentir? Je ne savais pas ce qu’ils [les enquêteurs] allaient dire aux enfants et quelle approche ils allaient emprunter pour parler aux enfants », a-t-déclaré. Il a affirmé au tribunal présidé par le juge Adrian Fulford qu’il n’a jamais assisté à aucune des séances d’entrevue entre les enfants et les enquêteurs.

‘L’intermédiaire 321’ a travaillé avec une organisation non-gouvernementale qui aidait les anciens enfants soldats à quitter la vie militaire et à se réunir avec leur famille.

L’intermédiaire continue son témoignage la semaine prochaine.

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