- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Les procureurs demandent aux juges de faire comparaître le ‘cousin de Lubanga’

Les procureurs ont demandé aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) d’appeler  comme témoin de la Cour un cousin présumé de Thomas Lubanga qui est accusé de crimes de guerre pour qu’il témoigne sur le rôle qu’il aurait joué dans l’intimidation des témoins et l’incitation à faire un faux témoignage.

Dans une demande déposée le 18 juin 2010, les procureurs ont suggéré que les juges pourraient alternativement ordonner à la défense d’appeler l’individu connu sous le nom ‘Cordo’ en tant que témoin. Les procureurs voulaient que Cordo prenne la barre des témoins avant le dépôt par la défense de sa demande de non lieu pour vice de procédure dans l’affaire Lubanga

Selon la demande : « D’après les preuves qui sont apparues dans cette affaire, preuves aux termes desquelles un témoin a déclaré que Cordo a tenté de le persuader de faire un faux témoignage devant la cour et a réussi à convaincre au moins deux autres témoins, il ne doit y avoir aucun doute que le témoignage de Cordo est nécessaire pour la détermination de la vérité. »

M. Lubanga est accusé des crimes guerre de conscription, enrôlement et utilisation d’enfants dans un conflit armé en République Démocratique du Congo au cours des années 2002 et 2003. Les procureurs de la CPI l’accusent d’avoir commis ces crimes pendant qu’il dirigeait l’Union des Patriotes Congolais (UPC), groupe politique possédant sa milice armée.

Selon les procureurs, Cordo a agi en tant qu’intermédiaire pour la défense de M. Lubanga, mais son identité reste secrète. Ils veulent demander aux juges d’ordonner que l’anonymat de Cordo soit levé.

Selon l’accusation, l’un de ses témoins avait témoigné que Cordo lui a demandé directement de nier le fait qu’il avait été un enfant-soldat. Un autre a déclaré que d’autres témoins avaient menti devant le tribunal à la demande Cordo, ont-ils ajouté.

D’autres ont témoigné que Cordo avait exercé des pressions sur eux et leur famille une fois qu’il avait appris qu’ils collaboraient avec la Cour. Selon les procureurs, il abordait directement ces témoins ou leurs proches, ou  alors transmettait cette information à la communauté.

En outre, ‘le témoin de la défense 4’ a été évalué en tant que témoin à charge possible. « Toutefois, il a plus tard refusé de faire une déclaration à l’accusation et a comparu au nom de la défense. Il a admis en contre-interrogatoire qu’il avait subi des pressions de la part de Cordo et d’autres dirigeants de l’UPC pour collaboration avec la CPI », a déclaré l’accusation dans sa demande

La demande aux juges d’ordonner la comparution de Cordo devant la Cour a été faite alors que le Bureau du Procureur (BdP) parlait de son propre personnel et des intermédiaires qui allaient témoigner.

« Le Procureur a identifié les représentants du Bureau du Procureur qui ont été le plus impliqués dans le recrutement et la gestion des intermédiaires 316 et 321 à l’époque des faits et sont donc les mieux placés pour fournir des renseignements complets sur les allégations formulées par la défense, » selon une note déposée par l’accusation le vendredi 18 Juin, 2010. « On les appelle pour qu’ils traitent de points particuliers et spécifiques concernant les intermédiaires qui ont été mis en cause par les témoins de la défense pour ce qui touche au vice de procédure. »

A la demande des juges, ‘l’intermédiaire 316’ et ‘l’intermédiaire 321’ témoigneront aussi au sujet de leur rôle présumé dans le vice de procédure qui, selon les enquêteurs et les témoins comprenait la corruption et le coaching de témoins.

La semaine dernière, un coordonnateur de liaison sur le terrain du BdP au Congo, qui a effectué des paiements à des intermédiaires, a déclaré à la cour qu’il ne savait pas que l’un quelconque de leurs agents avait été l’auteur d’une conduite irrégulière.

La Cour n’a pas tenu d’audience cette semaine parce que les enquêteurs et intermédiaires du BdP qui ont été appelés à la barre, n’étaient pas encore prêts à comparaître.

Le procès reprend la semaine prochaine, avec le témoignage d’un intermédiaire.