- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

La défense de Lubanga Insiste : le nom des intermédiaires doit être divulgué

La défense de Thomas Lubanga, qui est accusé de crimes de guerre, a aujourd’hui demandé aux juges d’ordonner la divulgation des noms des trois intermédiaires du Bureau du Procureur (BdP) qui doivent témoigner sur la falsification présumée des preuves.

L’avocat de la défense Jean-Marie Biju-Duval a déclaré que la défense avait besoin de cette information afin de mieux se préparer pour l’interrogatoire des intermédiaires. La défense voulait notamment les interroger sur le rôle qu’ils ont joué lorsqu’il s’est agi de convaincre des enfants qui auraient été d’anciens enfants soldats de témoigner pour l’accusation.

En outre, « la défense a besoin de savoir quel était le rôle et l’implication de ‘l’intermédiaire 321’ et de ‘l’intermédiaire 143’ dans les demandes de participation des victimes [au procès] », a déclaré M. Biju-Duval. Il a indiqué que la défense allait demander qu’on lui fournisse des informations sur les liens entre les intermédiaires et les victimes participant à l’affaire.

Biju-Duval a ajouté: « Nous ne pouvons nous en assurer que si on lève la censure sur leur nom [le nom des intermédiaires]. » La défense demandait la levée de la censure sur les noms des intermédiaires 143, 321, et 316 en introduisant la demande de participation des victimes au procès, a-t-il dit. Les juges ne se sont pas immédiatement prononcés sur cette demande.

Néanmoins, le juge président Adrian Fulford a indiqué que le premier des trois intermédiaires devait comparaître à la barre la semaine prochaine. Les trois intermédiaires, ainsi que deux membres du personnel d’enquête de l’OTP, seront entendus sur injonction des juges, et interrogés sur le présumé vice de procédure dans la collecte des éléments à charge et le coaching présumé des témoins à charge.

Beaucoup de témoins de M. Lubanga ont affirmé que les intermédiaires ont soudoyé et coaché des témoins. L’avocat principal de la défense Catherine Mabille a également allégué qu’aucun des sept témoins de l’accusation qui ont témoigné qu’ils étaient d’anciens enfants soldats dans l’Union des Patriotes Congolais (UPC) n’était effectivement ce qu’il prétendait être.

Selon les procureurs de la Cour Pénale Internationale (CPI), M. Lubanga était le chef de l’UPC, qui a utilisé des enfants soldats dans des conflits armés en République Démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003. M. Lubanga a nié les accusations, et sa défense est en train de préparer une demande aux juges pour qu’ils prononcent un non-lieu pour vice de procédure. Cette demande sera déposée après le témoignage des intermédiaires, des enquêteurs, et de près de quatre témoins en réplique cités par l’accusation.

Les procureurs ont indiqué que certains des témoins en réplique allaient témoigner que les témoins à charge qui ont déclaré à la cour qu’ils étaient d’anciens enfants soldats de l’UPC ont effectivement dit la vérité. D’autres allaient réfuter les allégations selon lesquelles des intermédiaires ont falsifié des preuves, et d’autres encore allaient montrer que les partisans de M. Lubanga intimidaient les gens qui coopéraient avec les enquêteurs de la CPI. 

Entretemps, la défense s’est aujourd’hui opposée à la proposition des procureurs d’appeler le ‘Témoin 555’ parmi les témoins en réplique. Selon Biju-Duval, la défense ne connaissait ni l’identité de ce témoin ni le contenu de son témoignage.

Mais la défense ne s’est pas opposée à une demande des procureurs qui voulait que ‘l’intermédiaire 316’ reçoive la transcription des témoignages de deux témoins, dont l’un a témoigné pour la défense.

Les juges ont confirmé cette demande, en faisant remarquer que, pour que ce témoin puisse faire un témoignage sensé, il était bon qu’il soit informé des allégations qui ont été faites à propos de lui afin qu’il puisse y réfléchir d’avance.