- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Défense de Lubanga: des documents prouvent que les enfants soldats ont une fausse identité

La défense de Thomas Lubanga a présenté aujourd’hui à la cour divers documents qui, selon elle, montrent qu’au moins sept témoins de l’accusation, qui ont dit à la cour qu’ils étaient d’anciens enfants soldats, ont menti sur leur identité ou les écoles qu’ils ont fréquentées.

Les documents présentés comprennent des dossiers scolaires venant de plusieurs des écoles de la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo (RDC). Parmi ces dossiers, il y avait des listes d’élèves, des dossiers de fin d’études primaire, des bulletins de notes annuelles et des registres contenant les noms, âges, dates de naissance des élèves ainsi que les noms des parents d’élèves.

Parmi ceux qui seront dénoncés comme ayant menti à la cour, l’avocat de la défense Marc Desalliers a cité les noms de sept anciens témoins à charge qui se sont présentés comme étant d’anciens enfants soldats, et deux autres qui ont déclaré à la cour qu’ils ont été enlevés et enrôlés dans la milice rebelle alors qu’ils étaient âgés de 15 et 17 ans respectivement.

Etienne Bitanihira Kama-Kama, inspecteur d’enseignement dans la ville de Bunia en RDC, a aujourd’hui déclaré aux juges que c’est lui qui s’est procuré documents que la défense a  présentés à la cour. Il a indiqué que les avocats de M. Lubanga lui ont demandé de les aider à obtenir les dossiers scolaires, et qu’il a à son tour demandé aux directeurs des écoles en question de lui permettre d’emmener les documents à La Haye en vue de leur utilisation lors du procès.

Dès le début de son plaidoyer en janvier dernier, la défense de M. Lubanga a déclaré qu’elle allait prouver au tribunal que des intermédiaires des enquêteurs de l’accusation de la Cour Pénale Internationale (CPI) ont encouragé les témoins à mentir au sujet des écoles qu’ils ont fréquentées. La défense a alors affirmé qu’elle avait procédé à « des vérifications systématiques en se rendant dans les écoles où les présumés enfants soldats ont dit avoir étudié».

La défense a donc déclaré en janvier qu’elle allait démontrer que toutes les personnes qui ont été présentées comme étant des enfants soldats, ainsi que leurs parents dans certains cas, ont délibérément menti à la cour. Le principal avocat de la défense Catherine Mabille a déclaré que l’équipe de défense avait l’intention de montrer que six de ces témoins n’ont jamais été des enfants soldats, le septième a menti sur son âge et les conditions dans lesquelles il s’est inscrit, et le huitième n’a jamais appartenu à l’Union des patriotes congolais (UPC).

M. Lubanga est accusé des crimes de guerre de conscription, enrôlement et utilisation d’enfants soldats dans un conflit armé en RDC au cours des années 2002 et 2003. Les procureurs de la CPI l’accusent d’avoir été le chef de l’UPC qui a utilisé des enfants soldats.

Le président Adrian Fulford a aujourd’hui demandé à l’accusation d’évaluer soigneusement les documents avant le début du contre-interrogatoire de M. Kama-Kama lundi prochain. « Il ne sert à rien d’avoir l’idée générale et indifférenciée qu’il peut y avoir des documents falsifiés quelque part. Si l’on va prétendre qu’un document n’est pas ce qu’il est supposé être, alors il faut que la question soit bien étudiée au lieu de rester dans le vague et de se confiner à des généralités », a dit le juge.

Le procès reprend le lundi 31 mai 2010, avec le contre-interrogatoire de M. Kama-Kama.