Rapports quotidiens

24 Mai 2010

Le témoin au procès de Lubanga déclare qu’il a donné aux enquêteurs de fausses informations

Par Wairagala Wakabi

Un ancien enfant soldat de l’Union des Patriotes Congolais (UPC) a aujourd’hui admis qu’il y a des contradictions entre son témoignage devant le tribunal et les déclarations qu’il avait faites aux procureurs en 2008.

L’aveu a été fait après lecture par l’avocat de la défense de Thomas Lubanga, Jean-Marie Biju-Duval, de plusieurs paragraphes de la déclaration que l’ancien enfant soldat, qui est désigné sous l’appellation de ‘Témoin 297′  a faite aux enquêteurs du Bureau du Procureur à la Cour Pénale Internationale (CPI).

M. Biju-Duval a demandé au témoin d’expliquer pourquoi, dans sa déclaration aux enquêteurs, il a affirmé que son commandant dans un camp appelé Dele était Floribert Kisembo alors que, devant la cour, il a déclaré qu’il s’agissait de Bosco Ntaganda.

Le témoin a répondu qu’au moment où il a rencontré les enquêteurs il avait peur de mentionner le nom de M. Ntaganda parce qu’il avait entendu à la radio qu’on essayait d’arrêter  M. Ntaganda. « C’est pourquoi, au lieu de Bosco, j’ai donné le nom de Kisembo. Je n’avais pas entendu qu’on essayait d’arrêter Kisembo à cette époque », a-t-il ajouté. Le témoin a affirmé aujourd’hui que le commandant de ce camp était M. Ntaganda, et non M. Kisembo.

Selon les enquêteurs de la CPI, M. Kisembo a été le chef d’état major de la milice UPC, tandis que M. Ntaganda était son adjoint. Le ‘Témoin 297 ‘  a raconté au tribunal qu’il a été enlevé de son école par des soldats sous le commandement de M. Kisembo. Il a déclaré qu’il a ensuite servi comme garde du corps de M. Kisembo, puis de M. Ntaganda. La CPI a lancé un mandat d’arrêt contre M. Ntaganda qui serait encore libre de ses mouvements au Congo.

M. Biju-Duval a lu au témoin d’autres paragraphes de la déclaration qu’il a faite aux procureurs en mars 2008, et dans laquelle il a parlé de M. Ntaganda, mais n’a jamais dit qu’il avait été son commandant.

Réponse du témoin : «Oui, j’ai dit aux enquêteurs que j’ai vu Bosco trois fois, mais j’avais peur de tout dire sur lui … parce que je me suis dit que je pourrais être arrêté et jeté en prison. Ou on pourrait me demander de dire où se trouvait Bosco. »

Le ‘Témoin 297 ‘  a admis que, dans sa déclaration aux procureurs et aux avocats de la défense qui s’étaient entretenus avec lui en décembre dernier, il a omis de mentionner qu’après avoir quitté l’UPC, il s’était engagé dans le Front National Intégrationniste (FNI), groupe rebelle dirigé par Mathieu Ngudjolo. M. Ngudjolo est jugé devant la CPI pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité.

Le témoin a indiqué que vers fin 2005 ou début 2006, il s’est porté volontaire pour rejoindre le FNI. M. Lubanga avait alors été arrêté et le groupe de M. Ngudjolo recrutait d’anciens combattants, avec la promesse que le gouvernement allait commencer à leur payer un salaire, a-t-il dit. Le témoin a déclaré qu’il est resté au FNI pendant trois mois, puis a été renvoyé chez lui.

M. Lubanga est jugé pour la conscription, l’enrôlement et l’utilisation d’enfants soldats dans un conflit armé au cours des années 2002 et 2003. Les procureurs accusent l’UPC, dont il aurait été le chef, d’avoir utilisé des enfants soldats pour  tuer, piller et violer.

Le ‘Témoin 297’  a aujourd’hui également reconnu que, contrairement à sa déclaration aux procureurs, M. Kisembo n’était pas le commandant du camp à Barrière. En outre, le témoin a admis que, dans sa déclaration aux procureurs, il n’a pas fait mention d’une bataille à laquelle il a pris part à Nizi.

«Je n’ai pas donné des détails aux enquêteurs concernant Nizi car beaucoup de gens sont morts à Nizi … un certain nombre de soldats sont morts dans la rivière et c’est pourquoi j’ai eu peur de donner des explications aux enquêteurs sur les circonstances dans lesquelles cela s’est déroulé», a déclaré le ‘Témoin 297 ‘.

Le ‘Témoin 297 ‘  figurait sur la liste des témoins de l’accusation, mais il n’a pas pu témoigner en avril 2009 pour raison de santé. Son voyage à La Haye pour témoigner au cours de ce mois a été demandé par la défense, car elle soutient qu’une grande partie de son témoignage est en faveur de M. Lubanga.

Pendant ce temps, le ‘Témoin 29’, qui a été cité à comparaître par la défense, n’a pas été en mesure de commencer son témoignage aujourd’hui. Le juge Adrian Fulford a indiqué bien que ce témoin soit présent à La Haye, les juges ont été informés qu’en raison d’un problème de communication, il n’était pas à la cour pour faire sa déposition. Ce témoin commencera sa déposition demain.

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