- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Le témoin déclare qu’il ne voulait pas quitter la milice UPC

Dans le témoignage qu’il a effectué aujourd’hui au procès de Thomas Lubanga pour crimes de guerre un ancien enfant soldat a déclaré aujourd’hui qu’il était peu disposé à quitter la milice de l’Union des patriotes congolais (UPC), même quand un travailleur humanitaire lui a à maintes reprises promis un soutien financier s’il abandonnait le service militaire.

Le ‘Témoin 297 ‘, qui en est à son deuxième jour de témoignage, a déclaré au procès présidé par le juge Adrian Fulford qu’il ne voulait pas quitter la milice car la vie de soldat lui procurait une certaine sécurité financière.

Il a dit à la cour que les soldats de l’UPC avaient l’habitude d’extorquer de l’argent aux civils à des barrages routiers. Parfois, les soldats étaient envoyés par leurs commandants pour prendre de l’argent aux civils, mais ils ne remettaient jamais la totalité de leurs rapines à leurs supérieurs. D’autres fois, les soldats sortaient la nuit de leur propre initiative et pour aller extorquer de l’argent aux civils, a-t-il ajouté.

Le ‘Témoin 297 ‘  a rappelé que pendant même qu’il était enfant soldat de l’UPC, il a tenu plusieurs réunions avec un travailleur humanitaire désigné sous le nom de M. Mbusa. Le témoin a déclaré qu’à plusieurs reprises il a reçu du savon et des vêtements de M. Mbusa, et que, pendant ces réunions, le travailleur humanitaire lui a toujours conseillé de quitter le service militaire. A cette époque, M. Mbusa distribuait des vivres et autres articles de secours aux personnes déplacées dans la province de l’Ituri déchirée par la guerre.

Des enquêteurs du Bureau du Procureur (BdP) de la Cour Pénale Internationale (CPI) étaient présents à certaines de ces réunions que le témoin a tenues avec M. Mbusa, a dit le témoin. Selon lui, il a plusieurs fois manqué à sa promesse faite à M. Mbusa de quitter l’UPC.

Il se rappelle avoir rencontré M. Mbusa et les enquêteurs à plusieurs reprises dans un bureau dans la ville de Bunia au Congo au cours de l’année 2003.

«Ils m’ont dit de quitter le service militaire et ils allaient m’aider si je quittais le service militaire», a déclaré le ‘Témoin 297 ‘, parlant de ses discussions avec les enquêteurs de l’accusation de la CPI lors des premières réunions qu’il a tenues avec ces derniers. Selon le témoin on lui a dit qu’il recevrait une assistance financière en vue d’une formation de chauffeur ou de mécanicien.

Le ‘Témoin 297 ‘  figurait sur la liste des témoins à charge, mais pour raison de santé il n’a pas été en mesure de témoigner en avril dernier, comme cela avait été prévu. L’accusation a conclu sa plaidoirie en juillet dernier, mais elle a exprimé son intérêt à entendre les preuves incriminantes qui sont en possession de ce témoin.

Toutefois, l’accusation interroge aussi le ‘Témoin 297 ‘  sur ses allégations concernant le rôle qu’aurait joué un intermédiaire du BdP dans la falsification des preuves contre M. Lubanga. En effet, en raison des allégations formulées par le ‘Témoin 297 ‘  à propos de cet intermédiaire, c’est la défense qui a récemment demandé aux juges d’inviter cette personne à témoigner. La défense soutient que la plus grande partie de son témoignage s’accorde avec ses propres observations sur le coaching présumé des témoins et la falsification des preuves par les intermédiaires.

Hier, au premier jour de son témoignage, le témoin a déclaré qu’il a suivi une formation dans trois camps de l’UPC, a été affecté et a combattu dans plusieurs régions, mais n’a jamais vu M. Lubanga dans aucun de ces endroits.

Il a déclaré que pendant son temps avec le groupe, il n’a vu M. Lubanga que deux fois : une première fois quand on lui a donné l’ordre de se joindre à l’équipe d’escorte de M. Lubanga et une autre fois lorsque M. Lubanga a assisté à une réunion avec les hauts commandants de la milice armée de l’UPC. Le témoin a raconté à la cour qu’il a servi comme garde du corps de Floribert Kisembo, l’homme qui selon les procureurs de la CPI était le chef d’état major de la milice.

M. Lubanga est jugé par la CPI pour conscription, enrôlement et utilisation d’enfants soldats dans un conflit interethnique au Congo au cours des années 2002 et 2003. Les procureurs de la CPI l’accusent d’avoir été le chef de l’UPC et le commandant en chef de sa milice armée qui a utilisé des enfants soldats.

Le ‘Témoin 297’ continue son témoignage demain.