Rapports quotidiens

17 Mai 2010

Un ancien enfant soldat raconte une réunion de Lubanga avec des commandants de l’UPC

Par Wairagala Wakabi

Un ancien enfant soldat membre du groupe que Thomas Lubanga, qui est accusé de crimes de guerre, aurait dirigé, a aujourd’hui décrit une réunion de M. Lubanga avec les commandants de la milice armée de l’Union des Patriotes Congolais (UPC).

Le ‘Témoin 297’ a déclaré à la cour qu’il a été enlevé de son école par des soldats conduits par Floribert Kisembo et enrôlé de force dans les Forces Patriotiques de Libération du Congo (FPLC), la branche armée de l’UPC. Il a ensuite servi comme garde du corps de M. Kisembo, l’homme qui selon les procureurs de la Cour Pénale Internationale (CPI) était le chef d’état major du groupe.

M. Lubanga est jugé à la CPI sous l’accusation de conscription, d’enrôlement et d’utilisation d’enfants soldats dans le conflit interethnique en République Démocratique du Congo (RDC) au cours des années 2002 et 2003. Les procureurs de la CPI soutiennent qu’il a dirigé l’Union des Patriotes Congolais (UPC) et était commandant en chef du FPLC, qui utilisait des enfants soldats.

Dans sa déposition effectuée avec une déformation de la voix et du visage en vue de protéger son identité, le ‘Témoin 297’ a déclaré à la cour présidée par le juge Adrian Fulford que pendant tout le temps qu’il a été avec l’UPC, il n’a vu M. Lubanga que deux fois. La première fois, c’était à une réunion que M. Lubanga a tenue avec les commandants militaires du groupe ;  la deuxième fois, c’est lors que le témoin a reçu de M. Kisembo l’ordre de se joindre à l’escorte de M. Lubanga lors que ce dernier s’est rendu à Bunia.

Le ‘Témoin 297’ était sur la liste des témoins à charge, mais n’a pas pu témoigner en avril l’an dernier à cause de problèmes de santé. L’accusation a conclus son plaidoyer en juillet l’année dernière. Au début de cette année, les avocats de M. Lubanga ont demandé à la cour d’inviter le ‘témoin 297’ à faire sa déposition, en arguant du fait que la majeure partie de son témoignage correspond aux thèses de la défense.

Quant aux procureurs, ils ont déclaré la semaine dernière qu’ils voudraient bien entendre le témoignage du ‘Témoin 297’, en particulier pour ce qui concerne son expérience en tant qu’enfant soldat. Mais ils ont ajouté que le témoin avait fait des déclarations contraires au point de vue de l’accusation sur le rôle que des intermédiaires des enquêteurs de l’accusation de la CPI auraient joué dans la recherche de preuves contre M. Lubanga.

Le procureur Nicole Samson a demandé au témoin de nommer quelques-unes des personnes présentes à la réunion des commandants qui selon lui s’est tenue ans un camp militaire de l’UPC à Lopa. Selon le témoin, à part M. Kisembo et M. Lubanga, il y avait parmi les commandants notamment Bosco Ntaganda, et d’autres qu’il a identifiés comme étant le ‘Commandant Patrick’ et le ‘Commandant Asiimwe’. La CPI a lancé un mandat d’arrêt contre M. Ntaganda, qui aurait été le chef d’état major adjoint du FPLC. Il se trouve au Congo et n’a pas encore été arrêté.

Le témoin a déclaré que lui et d’autres soldats – dont beaucoup étaient aussi des enfants soldats – montaient la garde à la porte d’une grande maison à Lopa où les commandants tenaient leur réunion. Il a ajouté qu’il ne savait pas à qui appartenait la maison et qu’il ne pouvait pas dire qui avait convoqué la réunion.

“Avez-vous vu M. Lubanga après la réunion?” a demandé Mme Samson.

Réponse du témoin: “Après la réunion, je l’ai vu quand il est sorti de la maison. Kisembo a dit qu’il ne restait pas de munitions et on nous a autorisé à aller chercher des munitions dans la maison où ils se réunissaient.”

Le témoin a déclaré qu’il avait reçu sa formation dans trois  camps, a été affecté et a combattu dans beaucoup d’endroits, mais n’a jamais vu M. Lubanga dans aucun de ces endroits.

La défense de M. Lubanga a nié qu’il ait été responsable des affaires militaires de l’UPC et du FPLC. Les avocats de la défense ont aussi soutenu que M. Lubanga était oppose à la présence des enfants soldats dans le groupe et qu’il a fait tout son possible pour démobiliser les enfants combattant dans le groupe.

Le ‘Témoin 297’ continuera sa déposition demain.

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