- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Inquiétudes de la défense de Lubanga relatives aux erreurs de traduction

Les avocats de Thomas Lubanga ont dit aux juges qu’il faut que les transcriptions des dépositions de certains témoins soient revues de toute urgence car ils ont décelé des “erreurs extrêmement importantes” dans l’une des transcriptions qu’ils venaient tout juste de relire.

Catherine Mabille, qui dirige l’équipe des avocats de la défense, a aujourd’hui indiqué à la cour que la défense voulait que les transcriptions soient revues de toute urgence car elle avait l’intention de s’en servir dans la demande d’arrêt des poursuites qu’elle avait l’intention de déposer après avoir appelé ses prochains témoins à la barre.

« La chambre sait que nous avons deux ou trois témoins à entendre avant de déposer une requête, et pour cela, nous avons l’intention de revoir tous les témoignages en swahili », a-t-elle ajouté.

Selon Mme Mabille en réexaminant le témoignage du ‘Témoin 24’, ils ont décelé un certain nombre de problèmes, notamment de longs passages non traduits. « Même si on se limite à l’écoute des enregistrements pour mettre en lumière les passages les plus essentiels, cela prendrait beaucoup de temps et représenterait beaucoup de travail. Il nous a fallu cinquante heures rien que pour écouter le ‘Témoin 24’. Nous pourrions le faire mais nous devons le faire avec notre client, nous devons emmener les enregistrements en prison et les écouter du début à la fin avec l’accusé », a-t-elle ajouté.

Le président Adrian Fulford a aujourd’hui indiqué que demain la chambre donnerait son avis sur la requête de la défense concernant un réexamen rapide du témoignage de certains témoins.

La défense se propose de demander aux juges de mettre fin aux poursuites contre M. Lubanga en raison du fait qu’il y eu abus de procédure dans la présentation des témoins et des preuves contre lui. Selon la défense, le présumé abus de procédure était le fait des intermédiaires des enquêteurs des procureurs de la Cour Pénale Internationale (CPI), et incluait la corruption et le coaching des témoins ainsi que la falsification d’identité. La défense a déjà appelé seize témoins à la barre pour faire une déposition sur la présumée corruption de preuves contre M. Lubanga par les intermédiaires.

M. Lubanga est jugé pour conscription, enrôlement et utilisation d’enfants de moins de quinze ans dans un conflit armé en République Démocratique du Congo (RDC) au cours des années 2002 et 2003. Les procureurs de la CPI l’accusent d’avoir été le chef de l’Union des Patriotes Congolais (UPC) et sa branche armée, les Forces Patriotiques pour la Libération du Congo (FPLC).

Le 6 mars 2010, les avocats de M. Lubanga ont déclaré qu’il y avait de graves erreurs dans les comptes-rendus d’audience et les traductions, ce qui selon eux compromet la qualité des témoignages faits devant la cour. Les juges ont demandé une suspension des audiences pour ce jour du fait des plaintes de la défense.

Entretemps, les audiences du jour ont été suspendues après que la défense ait indiqué que le témoin suivant venait d’arriver à La Haye et n’était pas prêt à commencer sa déposition. La défense a déclaré qu’elle s’était attendue à ce que le temps de présence des témoins à la barre soit plus long qu’il ne l’a été en réalité depuis la reprise du procès la semaine passée. Le témoin qui a fini sa déposition aujourd’hui était une mère qui, selon le juge Fulford, a été interrogée sur la date de naissance de ses enfants. Elle a effectué toute sa déposition à huis clos.

Selon le juge Fulford, la défense et l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) de la cour doivent faire le nécessaire pour s’assurer qu’il y avait des témoins attendant de faire leur déposition. « Etant donné les problèmes que nous cause le partage de deux salles entre trois procès, il n’est absolument pas souhaitable que nous perdions les deux tiers du temps qui nous a été imparti aujourd’hui. La VWU et la défense devraient faire tout ce qui est en leur pouvoir pour s’assurer qu’une telle situation ne se renouvelle pas », a dit le juge.

Outre M. Lubanga, deux autres anciens dirigeants congolais – Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui – sont jugés à la CPI. La Cour Spéciale pour la Sierra Leone, qui juge Charles Taylor, l’ancien président libérien, utilise actuellement les locaux de la CPI.

Le ‘Témoin 34’, de la défense commence sa déposition demain.