Rapports quotidiens

30 Mars 2010

Le témoin de Lubanga témoigne à partir du Congo par lien vidéo

Par Wairagala Wakabi

 Au procès de Thomas Lubanga, la cour a aujourd’hui entendu la déposition d’un témoin de la défense qui a fait sa déposition par lien vidéo depuis la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo (RDC).

Avant le début de la déposition, qui a été faite à huis clos dans sa totalité, le juge Adrian Fulford a demandé que l’on fasse preuve de sensibilité en posant des questions au témoin car il s’agit d’une personne vulnérable. “Le conseil devra poser des questions brèves, d’une façon compréhensible pour le témoin. Le témoin ne doit pas être bouleversé,” a déclaré le juge.

Selon une requête de la défense, la déposition de ce témoin, désigné sous l’appellation de ‘Témoin 14’, a des rapports avec deux témoin à charge. Le 5 mars 2010, lors qu’il a accédé à la requête de la défense de recevoir son témoignage par lien vidéo, le juge Adrian Fulford a fait remarquer que la défense considérait la déposition du ‘Témoin 14’ comme importante car ce témoin serait la mère d’un témoin à charge qui avait déclaré dans son témoignage être sûr que sa mère était morte

La défense a indiqué que le ‘Témoin 14’ allait fournir la preuve qu’elle était bien la mère de ce témoin à charge, et qu’ils s’étaient rencontrés après la fin de la guerre en Ituri.

Les juges Fulford, Elizabeth Odio Benito, et René Blattmann ont le 10 février 2010 décidé que la loi permettait aux témoins de témoigner par des moyens électroniques pour diverses raisons. Après consultation avec l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) de la cour, les juges ont autorisé la défense à utiliser un outil de communication à distance, qu’ils ont considéré comme une alternative raisonnable pour la protection du bien-être psychologique du témoin.

La Cour Pénale Internationale (CPI) accuse M. Lubanga de conscription, d’enrôlement et d’utilisation d’enfants de moins de quinze ans en vue d’une « participation active » à un conflit armé. Les crimes dont il est accusé ont été commis entre septembre 2002 et août 2003 en Ituri.

Dans sa requête concernant le témoignage du ‘Témoin 14’ par lien vidéo, la défense de M. Lubanga a déclaré que ce témoin n’avait jamais utilisé de toilette, d’évier, ou de téléphone. Etant donné tout le temps qu’il lui faudrait passer d’abord à Kinshasa, la capitale congolaise pour obtenir un passeport, et ensuite aux Pays-Bas, la défense a déclaré que ce serait-là une expérience traumatisante pour elle et qu’elle se retrouverait complètement perdue et désemparée dans ces environnements inconnus.

Les représentants légaux des victimes se sont opposés à la requête de la défense, en faisant remarquer que cette requête n’était pas fondée sur le fait que le témoin n’était pas en mesure de se rendre à La Haye ou qu’elle avait refusé de témoigner en personne, mais plutôt sur ce que la défense appelait sa vulnérabilité.

Les représentants légaux ont aussi fait remarquer que la demande n’avait été faite ni par la VWU ni par le témoin, mais par la défense. Ils ont soutenu que du fait de l’influence qu’avaient les partisans de M. Lubanga à Bunia, ils pourraient prendre contact avec le témoin et essayer de l’influencer. Les juges ont exprimé leur désaccord avec les arguments des représentants légaux.

 L’audience continue mercredi.

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