- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Comparution du onzième témoin de la défense

Le onzième témoin cité par la défense de Thomas Lubanga a débuté son témoignage aujourd’hui, mais la majeure partie de sa déposition s’est ensuite effectuée à huis clos. Bien qu’il ait auparavant indiqué qu’il allait témoigner sans mesures de protection, le “Témoin 23” a sollicité une protection vendredi dernier, selon le président du tribunal, le juge Adrian Fulford.

Selon le juge, le témoin a expliqué qu’il avait besoin de mesures de protection contre d’éventuelles représailles qui pourraient s’abattre sur lui si des membres de sa communauté apprenaient qu’il avait témoigné au procès.

Selon les procureurs de la CPI, M. Lubanga était le chef de l’Union des Patriotes Congolais (UPC), groupe dont les milices ont utilisé des enfants soldats au cours des années 2002 et 2003. A cause de la situation volatile qui régnait dans la province de l’Ituri en République Démocratique du Congo, où étaient basées les opérations de l’UPC, la plupart des témoins, aussi bien à charge qu’à décharge, ont bénéficié de mesures de protection telles que la déformation numérique de la voix et du visage au cours de leur témoignage.

Dans le cadre de son interrogatoire par l’avocat de la défense Marc Desalliers, le ‘Témoin 23’ a aujourd’hui déclaré  qu’il était un ancien soldat, mais n’a pas indiqué en audience publique dans quel groupe il était. Questionné sur le financement que lui et d’autres combattants démobilisés avaient obtenu d’un bailleur en vue de leur projet de vélomoteurs taxi, le témoin a affirmé que l’argent du projet avait été détourné, mais il n’a pas dit en audience publique qui était l’auteur de ce détournement.

Le reste de la déposition de ce témoin s’est ensuite effectuée à huis clos. Il doit poursuivre son témoignage demain.

En début de journée, l’ancien témoin à charge désigné sous l’appellation de ‘Témoin 15’ a fini son témoignage, avec un autre interrogatoire de l’accusation et de la défense. Ce témoin a brièvement comparu en tant que témoin à charge en juin passé et a déclaré à la cour qu’un intermédiaire des enquêteurs de l’accusation l’avait encadré. La semaine passée,  il a déclaré que contrairement à ses propres affirmations aux enquêteurs, il n’a jamais été soldat de l’UPC et qu’il n’a jamais vu un commandant de l’UPC faire son rapport à Mr. Lubanga.

Le procureur Nicole Samson a demandé au témoin si en juin passé il avait indiqué aux enquêteurs de la CPI qu’à part lui-même, il ne connaissait personne d’autre qui ait menti au  Bureau du Procureur (BdP)

“On m’a dit que le procureur devait continuer à me considérer comme témoin à charge” a répondu le ‘Témoin 15’. Il poursuit : “Lors que je suis arrivé ici, la première fois que j’ai été devant le tribunal, j’ai voulu dire toute la vérité sur ce qui s’est passé. Mais en fait, lors que je suis venu et n’ai pas dit ce qu’ils voulaient me faire dire, j’ai eu peur. Ils m’ont dit que je pouvais être poursuivi.”   

Mr. Desalliers a plus tard demandé au témoin d’indiquer à la cour qui lui a dit qu’il pouvait être arrêté et poursuivi.

“Il y avait un avocat qui a dit que je pourrais faire l’objet de poursuites judiciaires. C’est la raison pour laquelle j’avais parfois peur et je devais faire attention à ce que je disais, et je devais cacher certaines choses” a répondu le ‘Témoin 15’.

Le témoin a indiqué qu’on lui a affecté un avocat lors qu’il a dit au BdP et à la VWU (Unité d’aide aux victimes et aux témoins) qu’il lui fallait avouer certains mensonges qu’il avait dits aux enquêteurs dans une déclaration faite en 2005. Il a ajouté qu’entre 2006 et 2009 les représentants de la VWU et l’enquêteur du BdP qu’il avait rencontrés n’ont pas répondu à sa demande d’affectation d’un avocat à qui il voulait avouer les mensonges qu’il avait dits.

“Vous avez parlé de contacts que vous avez établi dans le passé avec plusieurs personnes, [mais] vous n’avez jamais demandé à parler à un avocat pendant tout ce temps,” a aujourd’hui fait observé Mme. Samson au ‘Témoin 15’.

“On a parlé au téléphone et tous les appels ont été enregistrés. J’ai demandé un avocat pour me protéger, mais le VWU s’est comporté d’une façon étrange. Je vous prie de bien vouloir réécouter les enregistrements des appels téléphoniques pour voir combien de fois j’ai sollicité les services d’un avocat en vue de la défense de mes intérêts,” a répondu le Témoin 15’.