Rapports quotidiens

11 Mars 2010

Un témoin « hostile » de l’accusation témoigne à nouveau

Par Wairagala Wakabi

Un ancien témoin de l’accusation, qui avait brièvement témoigné en juin dernier au procès pour crimes de guerre de Thomas Lubanga et qui avait déclaré à la Cour avoir menti aux procureurs, devrait apporter un nouveau témoignage cette semaine.

L’accusation a indiqué qu’elle considérait le « témoin 15 » comme un témoin hostile et l’interrogerait pour apprécier la véracité des nouvelles informations qu’il a apporté.

Le témoin sera également contre-interrogé par la défense à propos du bref témoignage qu’il avait donné l’année dernière en tant que témoin de l’accusation et sur les informations complémentaires qu’il a apportées après avoir déclaré mentir aux procureurs.

Le juge Adrian Fulford a indiqué aujourd’hui que la semaine prochaine serait opportune pour la comparution du « témoin  15 » puisque le témoin de la défense dont le témoignage était lié à ce « témoin  15 » avait conclu sa déposition.

Dieu Merci Patient Nobirabo Todabo, 21 ans, a comparu aujourd’hui en tant que neuvième témoin de M. Lubanga, qui est jugé à la Cour pénale internationale (CPI) pour l’utilisation d’enfants soldats en République démocratique du Congo (RDC). Le témoin, qui se présentait à la barre à visage découvert, a apporté son bref témoignage en séance publique, à l’exception du moment où on lui a montré une photographie d’un ami au sujet duquel la défense et l’accusation l’ont interrogé.

M. Todabo a déclaré que son ami anonyme avait été un camarade de classe de Bunia, une ville de l’est du Congo, en 2001 et 2002. Á cause de la guerre, le témoin avait fuit Bunia, à l’instar de son ami. Mais M. Todabo a indiqué qu’il avait ensuite appris que son ami avait rejoint la milice des Forces de Résistance Patriotique d’Ituri (FRPI). Les procureurs de la CPI allèguent que M. Lubanga était le chef d’un autre groupe armé de la région, l’Union des patriotes congolais (UPC), ainsi que de sa branche armée.

Lorsque le « témoin  15 » avait comparu devant la Cour le 16 juin 2009, il avait déclaré avoir donné un faux nom au Bureau du Procureur (BdP), avoir dit plusieurs mensonges aux enquêteurs et qu’un tiers, vraisemblablement un intermédiaire du BdP, avait été impliqué dans la fabrication de son témoignage.

Selon un dossier réalisé par l’accusation en septembre dernier, postérieurement à son court mais spectaculaire témoignage en tant que témoin de l’accusation, le « témoin  15 » avait fait une déclaration devant les avocats de la défense et les procureurs. Dans cette déclaration, il avait affirmé avoir donné une fausse identité au BdP, dont son nom, le nom de sa femme et les noms de ses parents.

Le dossier du BdP indiquait que « le témoin a déclaré n’avoir jamais été entraîné au centre d’entraînement de l’UPC à Mandro et n’avoir en réalité jamais assisté à aucune activité dans le camp comme il l’avait affirmé précédemment. Il a également nié, contrairement à ses déclarations précédentes, avoir vu certaines personnes de l’UPC, au centre d’entraînement de Mandro ou avoir assisté à Mandro aux rapports quotidiens de Bosco Ntaganda à Thomas Lubanga ».

La CPI a émis un mandat d’arrêt à l’encontre de M. Ntaganda, qui allègue qu’il était le chef adjoint de l’état-major de la branche armée de l’UPC. Ntaganda demeure en fuite.

Le « témoin  15 » aurait, de plus, déclaré avoir menti à propos du fait d’avoir été impliqué dans le déménagement du quartier général de l’UPC à Bunia et d’avoir été un soldat de l’UPC.

Selon le dossier du BdP, le « témoin  15 » a également affirmé avoir menti sur le fait d’avoir suivi un entraînement au Rwanda pour l’UPC et, à l’inverse de ce qu’il avait précédemment indiqué aux procureurs de l’accusation, qu’il n’avait jamais rencontré certaines personnes liées à l’UPC.

Outre le fait que le témoin de la défense qui a témoigné au sujet du « témoin  15 » a terminé son témoignage, le rappel d’un ancien témoin de l’accusation à ce stade est opportun puisque l’équipe de défense a fait part de difficultés pour obtenir que certains de ses témoins soient présents à temps à La Haye. Les avocats de la défense ont déclaré que certains témoins devant témoigner la semaine prochaine tentaient encore à ce jour d’obtenir leurs passeport, visas ou autorisation de la part de leurs employeurs afin qu’ils puissent se rendre à La Haye.

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1 Comment

  1. Cher M. Frank Bantu,

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    Nous attendons avec impatience de recevoir votre document modifié.

    Cordialement

    Commentaire par Tracey Gurd — 18 Mars 2010 @ 17:28