- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Le procès Lubanga ajourné pour des problèmes de transcription

Aujourd’hui, le procès Lubanga a été rapidement ajourné après que la défense ait remarqué la présence d’erreurs dans la transcription anglaise du témoignage apporté par le quatrième témoin de la défense.

Catherine Mabille, l’avocate principale de la défense, a demandé un ajournement qui lui a été accordée par le juge Adrian Fulford deux heures avant l’horaire prévu pour la levée de la séance du jour.

L’ajournement a été sollicité au moment où le procureur Olivia Struyven procédait au contre-interrogatoire du quatrième témoin de la défense, qui se présentait à la barre pour la deuxième journée en bénéficiant de mesures de protection telles que la déformation numérique de la voix et du visage.

Avant cet ajournement, Mabille avait souligné la présence de deux noms cités par le témoin dans la transcription française alors que la transcription anglaise n’en comportait qu’un. Elle a indiqué que puisqu’elle avait l’intention d’interroger le témoin sur ce nom lors de son réinterrogatoire, la divergence entre les transcriptions pourrait poser problème.

Le juge a demandé aux différentes parties de se concerter avec les transcripteurs afin d’établir si le témoin avait mentionné le deuxième nom.

Lorsque l’audience a repris, Mabille a déclaré que, lors de la pause, l’équipe de la défense, avec Lubanga, avait contre-vérifié la transcription anglaise de la journée et avait identifié à la page 7 de celle-ci « de très sérieux problèmes d’interprétation » et que, par conséquent, la défense éprouverait des difficultés à continuer.

« J’ai discuté de cette question avec le BdP (Bureau du Procureur) et avec Paolina [Massidda du Bureau du conseil public pour les victimes] », a indiqué Mabille. « Pouvons-nous demander à la Chambre, après que le procureur et les représentants légaux aient terminé leurs interrogatoires, que nous ajournions et relisions la totalité de la transcription, à savoir revérifier l’interprétation de la transcription. Et nous pourrons ensuite tous arbitrer les informations contenues dans la transcription ».

L’avocat de la défense a également indiqué à la Cour que Lubanga avait déclaré que le témoin qui procédait à sa déposition était parfaitement clair. « Il ne devrait pas y avoir de difficultés à l’exception du fait qu’elle parle vite mais il a indiqué que ses réponses ont été très claires. Et ce qui est noté sur la dernière page [de la transcription] n’est pas très clair », a précisé Mabille.

En réponse à la demande de Mabille, le juge Fulford a déclaré qu’il n’était pas question de demander à la défense de mener un réinterrogatoire du témoin s’il était matériellement possible que la transcription ne comporte que « des problèmes minimes ».

« Cela ne serait tout simplement pas équitable », a indiqué le juge. « Par conséquent, il ne vous sera pas demandé de mener votre réinterrogatoire cet après-midi, c’est-à-dire dans un délai court. Et si, à la suite de la vérification en soirée, des modifications étaient apportées qui désavantageraient Mme Struyven, elle aura la possibilité de poser des questions associées supplémentaires avant le réinterrogatoire ».

Struyven avait précédemment interrogé le témoin à propos d’un homme anonyme qui l’aurait visité chez elle. Ni le procureur ni le témoin n’ont indiqué en public quel était l‘objet de la visite de cette personne anonyme.

Les deux précédents témoins de la défense ont été longuement interrogés sur leurs rencontres avec les intermédiaires du BdP. Ces deux témoins ont accusé les intermédiaires d’avoir préparé des témoignages, y compris d’avoir acheté et trompé des parents et tuteurs des jeunes garçons pour qu’ils adhèrent au plan dans lequel les garçons étaient faussement présentés par les fonctionnaires du BdP comme des ex-enfants soldats.

Lubanga est jugé à la Cour pénale internationale (CPI) pour les crimes de guerre d’enrôlement, de conscription et d’utilisation d’enfants soldats lors des conflits armés qui ont déchirés la République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003.