Rapports quotidiens

10 Février 2010

Le témoin déclare que Lubanga n’a pas enrôlé d’enfants

Par Wairagala Wakabi

Un témoin de la défense a déclaré aujourd’hui que l’Union des patriotes congolais (UPC), le groupe que Thomas Lubanga aurait dirigé, n’avait enrôlé aucun enfant. Au contraire, c’étaient les enfants sans parents et ceux qui admiraient les soldats rackettant les civils qui avaient rejoint volontairement le groupe.

Claude Nyéki Django, un témoin de la défense de 20 ans qui poursuivait son témoignage de la veille, a également déclaré que les recrues de l’UPC qui ne supportaient pas les conditions des camps d’entraînement étaient libres de quitter le groupe et de retourner chez elles.

Interrogé par le procureur Nicole Samson sur la manière dont il avait connaissance de ces faits, il a répondu que ceux qui avaient servi dans l’UPC le lui avaient dit. Django n’a pas lui-même servi dans l’UPC. Mais hier, lorsqu’il a comparu pour la première fois devant la Cour, il a déclaré qu’un homme connu sous le nom de Dudu l’avait emmené, avec d’autres garçons, à une réunion dans la ville congolaise de Beni où il a été prétendu qu’ils étaient des ex-combattants.

La déposition de ce témoin a contredit ce que la plupart des témoins de l’accusation ont déclaré à la barre, à savoir que les recrues des camps de l’UPC étaient régulièrement torturées et que ceux qui tentaient de quitter la milice pouvaient être tués. Plusieurs témoins de l’accusation, y compris ceux qui ont prétendu avoir été enfants soldats, ont témoigné avoir été contraints de rejoindre l’UPC.

Lubanga est accusé des crimes de guerre d’enrôlement, de conscription et d’utilisation d’enfants soldats lors des conflits interethniques qui ont déchirés la République démocratique du Congo (RDC) en 2002 et 2003. Il a nié les accusations et son équipe de défense a déclaré qu’elle prouverait à la Cour qu’aucun des témoins de l’accusation qui prétendaient être des ex-enfants soldats ne l’avait été en réalité.

Se présentant aujourd’hui à la barre, Django a repoussé les affirmations selon lesquelles l’UPC recrutait des enfants, arguant que les enfants présents au sein de l’UPC étaient principalement des enfants des rues bien que qu’il y avait également des enfants ayant abandonné l’école pour rejoindre le groupe après avoir vu des soldats de leur âge extorquer de l’argent à des civils.

« Les gens n’ont pas été forcés de devenir des enfants soldats. C’étaient des enfants des rues qui s’enrôlaient, à cause des difficultés qu’ils rencontraient et après avoir vu des enfants de leur âge porter des armes », a-t-il indiqué. Il a ajouté : « Je ne peux pas dire que c’est Thomas Lubanga qui a parcouru la ville pour demander aux enfants de devenir des enfants soldats. Ce sont les enfants eux-mêmes qui voulaient de leur propre gré devenir enfants soldats ».

Le témoignage de Django fut interrompu dans l’après-midi lorsqu’il fondit en larmes à la description du meurtre de sa mère par un groupe de l’ethnie Lendu alors qu’il se cachait avec ses jeunes frères et sœurs sous un lit. Il s’est fait accompagner pour sortir de la salle d’audience.

Le juge Adrian Fulford a ensuite demandé aux fonctionnaires de l’Unité d’aide aux victimes et aux témoins (VWU) et à des psychologues d’apprécier si Django serait capable de poursuivre son témoignage. Par la suite, on a annoncé que le personnel du VWU avait examiné le témoin et qu’il était en mesure de poursuivre sa déposition. Le témoin leur a également indiqué qu’il était prêt à continuer son témoignage.

Il est retourné à la barre et Samson a poursuivi son contre-interrogatoire.

Samson lui a demandé s’il connaissait Lubanga et il a répondu par l’affirmative. Elle lui a ensuite demandé comment il l’avait connu et Django a rétorqué que pendant la guerre Lubanga était devenu important car il était le chef de l’UPC.

« Á cause de la guerre, Thomas [Lubanga] est devenu quelqu’un de très important. Il vendait auparavant des haricots dans un entrepôt, en tant que commerçant. Je l’ai donc connu en tant que vendeur ».

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