Rapports quotidiens

2 Février 2010

Le deuxième témoin de la défense témoigne sans mesures de protection

Par Wairagala Wakabi

Aujourd’hui, le deuxième témoin de la défense devant comparaître au procès de Thomas Lubanga, poursuivi pour crimes de guerre, s‘est présenté à la barre sans bénéficier de mesures de protection telles que la déformation numérique du visage et de la voix mais l’essentiel de son témoignage s’est toutefois déroulé à huis clos.

Étant donné qu’il a dit peu de choses en séance publique, il n’a pas été possible de savoir en quelle qualité il témoignait. Le premier témoin de la défense, qui a terminé hier sa déposition, a indiqué à la Cour que son fils avait comparu au procès Lubanga et avait menti sur le fait d’avoir servi en tant qu’enfant soldat au sein de l’UPC. Selon son témoignage, le garçon n’aurait servi dans aucun groupe armé.

Lorsque le deuxième témoin fut sur le point de débuter sa déposition, le juge Adrian Fulford lui a conseillé de ne pas s’inquiéter au sujet de ce qui pourrait survenir au cours de son témoignage.

« Bien qu’il y ait beaucoup de personnes dans la salle d’audience et qu’il y aura un certain nombre d’avocats qui vous interrogeront, les juges s’assureront que les questions qui vous seront posées seront simples, totalement compréhensibles et claires et que vous serez traité équitablement », a indiqué le juge.

Il a ajouté que lors de son témoignage, ils tenteront autant que possible de demeurer en séance publique afin que les personnes présentes dans le public, ainsi que celles qui suivent le procès par Internet, puissent entendre sa déposition. « Mais en certaines occasions, il sera nécessaire de passer en séance à huis clos afin de protéger l’identité de personnes spécifiques qui nécessitent d’être préservées de futures accusations si leur identité devenait connue », a déclaré le juge Fulford.

En fait, presque la totalité de la déposition du témoin s’est déroulée à huis clos. En séance publique, il lui a été demandé s’il connaissait un travailleur social, dont le nom n’a été mentionné qu’en séance à huis clos, qui travaillait pour une organisation œuvrant à la démobilisation des combattants de la République démocratique du Congo (RDC). Le témoin a répondu qu’il connaissait le travailleur social qui, selon le procureur Nicole Samson, avait collaboré avec le Bureau du Procureur (BdP) à l’identification de leurs témoins.

L’accusation devrait interroger le deuxième témoin de la défense lundi, lors de la reprise du procès.

Avant la conclusion de l’audience d’aujourd’hui, le juge Fulford a déclaré à l’avocat principal de Lubanga qu’il sera extrêmement difficile, si ce n’est impossible, que l’accusation commence à interroger le témoin en se basant sur le témoignage apporté si les procureurs ne sont pas avertis un peu à l’avance de la teneur de la déposition du témoin. Il a indiqué que les témoignages de ce type demandaient un temps de réflexion, de préparation et probablement d’enquête avant que les procureurs ne puissent le prendre en charge de manière adéquate par le biais d’un interrogatoire.

« Peut-être serez-vous amenés à considérer que pour les témoins à venir, et particulièrement ceux appartenant à cette catégorie, il soit souhaitable, mais de manière totalement volontaire, qu’il y ait un élément raisonnable supplémentaire qui soit divulgué à l’avance à l’accusation afin que les procureurs ne se retrouvent pas dans la situation que Mme Samson a décrit précédemment, à savoir demander un ajournement à chaque fois qu’un de vos interrogatoires se termine afin qu’ils puissent préparer le leur », a déclaré le juge.

Il a indiqué que si cela se produisait, cela ralentirait terriblement le cours du procès.

La Cour pénale internationale accuse Lubanga d’avoir été le commandant en chef des Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC), une milice qui a utilisé des enfants soldats dans des combats interethniques ayant eu lieu en République démocratique du Congo.

Mais l’équipe de défense de Lubanga a déclaré qu’elle démontrera que les témoins de l’accusation qui ont témoigné en tant qu’ex-enfants soldats ne l’ont en réalité jamais été et qu’ils ont délibérément menti aux juges avec la complicité des agents du Bureau du Procureur (BdP).

Aucune autre audience du procès Lubanga ne se tiendra cette semaine. La présentation des éléments de la défense se poursuivra lundi prochain, le 8 février.

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