- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Le premier témoin de la défense devrait comparaître demain

Le premier témoin cité à comparaître par la défense de Thomas Lubanga devrait témoigner demain (mercredi). Le témoin se présentera à la barre une fois que l’avocate principale Catherine Mabille aura expliqué la manière dont se déroulera la présentation des preuves à décharge et aura mis en avant certains thèmes de la cause de l’accusé.

Mais Mabille a déclaré aujourd’hui que la défense rencontrait certains problèmes, concernant son premier témoin, qu’elle souhaiterait voir résolus par la Cour.

« Je voudrais signaler que nous ne sommes pas en mesure de résoudre la question relative à notre discussion puisque notre témoin numéro deux a des problèmes de traduction », a déclaré Mabille à la Cour. « Nous allons donc nous réunir ce soir afin d’évoquer cette difficulté avec lui. Il témoignera demain. Je souhaiterais toutefois attirer l’attention de la Chambre sur cette question ».

L’avocate de la défense a poursuivi : « Nous rencontrons le même problème pour le deuxième témoin cité à comparaître auquel nous devons demander son accord afin qu’il rencontre le Bureau du Procureur et cela n’est pas non plus possible. Je pense que le problème est lié à la disponibilité des traducteurs ».

Le juge Adrian Fulford a déclaré qu’il était primordial que tous les départements concernés travaillent de concert afin de résoudre les difficultés rencontrées par la défense. « Le temps nous est précieux puisque nous devons partager deux salles d’audience entre trois procès et la Chambre sera très réticente à perdre du temps pour des raisons administratives… les demandes d’ajournement dans le cadre des dispositions actuelles seront traitées avec scepticisme ».

La Cour pénale internationale accuse Lubanga d’enrôlement et de conscription d’enfants âgés de moins de 15 ans ainsi que de leur utilisation « pour participer activement » à un conflit armé. Les crimes présumés ont été commis entre septembre 2002 et août 2003 dans la province de l’Ituri, située à l’est de la République démocratique du Congo.

Entretemps, les juges ont empêché l’accusation d’interroger un témoin au sujet de certains évènements que ce dernier avait évoqué plus tôt dans la journée. Le procureur Manoj Sachdeva avait cherché à interroger le témoin sur sa déclaration dans laquelle il avait indiqué que, le 23 décembre 2003, des groupes armés s’étaient rendus dans la ville de Mahagi, située dans une province orientale du Congo, afin de recruter des volontaires.

Jean-Marie Biju-Duval, l’avocat de Lubanga, a protesté, argumentant que le procès serait pris dans une spirale sans fin si l’accusation était autorisée à interroger le témoin à propos des évènements du 23 décembre 2002. Les évènements en question n’étaient pas connus puisque le témoin les avait évoqués en séance à huis clos. Ce témoin est une des deux victimes participantes à avoir terminé son témoignage mais qui ont été rappelées lundi à la barre des témoins pour un interrogatoire complémentaire à la demande de la défense.

« Je crois que l’accusation a déclaré sa preuve close et je ne pense pas qu’il soit approprié que, par le biais de cet interrogatoire, l’accusation tente aujourd’hui de soumettre une nouvelle preuve », a déclaré Biju-Duval.

Le juge Fulford a indiqué que la Chambre considérait que le fait d’autoriser l’accusation à interroger le témoin sur les évènements de décembre 2002 introduirait dans l’affaire un élément totalement nouveau et qui n’a, jusqu’à présent, fait l’objet d’aucune enquête. Il a précisé que la survenue de cet élément était due à la manière dont le témoin avait répondu au moins à une des questions que Biju-Duval lui avait posées.

« Il doit y avoir une finalité aux témoignages données par les témoins et, à notre avis, aborder maintenant ce sujet au moment où le témoin termine son témoignage n’est pas souhaitable et est contraire aux intérêts de la justice », a conclu le juge Fulford.