- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Une autre victime raconte son enlèvement

Aujourd’hui, un autre ex-enfant soldat participant en tant que victime au procès de l’ancien chef de milice congolais, Thomas Lubanga, a témoigné de sa conscription dans l’Union des patriotes congolais (UPC) et du rôle qu’il avait joué au sein de ce groupe.

Il a déclaré avoir été enlevé par des combattants de l’UPC alors qu’il rentrait de l’école et que ces derniers l’avaient emmené dans leur camp d’entraînement situé près de la ville de Bule, dans l’est de la République démocratique du Congo. Interrogé par son avocat, Joseph Keta, à propos des éléments indiquant l’appartenance des miliciens, il a répondu que leurs uniformes étaient ceux de l’UPC.

Le témoin a indiqué qu’il avait interrogé les miliciens sur sa future destination mais au lieu de d’obtenir une réponse, ils avaient insisté pour qu’il les suive. « Je revenais de l’école mais je n’étais pas encore arrivé à la maison », s’est-il souvenu avoir dit aux hommes armés de l’UPC. « Ils m’ont dit de continuer mon chemin avec eux ».

Le témoin qui a débuté son témoignage aujourd’hui est la troisième victime à comparaître au procès de Lubanga, qui est accusé des crimes de guerre d’enrôlement, de conscription et d’utilisation d’enfants soldats. Selon l’acte d’accusation émis par la Cour pénale internationale (CPI), Lubanga était le chef de l’UPC, groupe qui a utilisé des enfants soldats dans de violents conflits interethniques en 2002 et 2003.

Le témoin a déclaré que ni ses ravisseurs ni ses instructeurs ne lui avaient demandé son âge. Il a indiqué que les mêmes punitions étaient infligées à toutes les recrues des camps d’entraînement de l’UPC, indépendamment de leur âge ou de leur sexe.

Le procureur Olivia Struyven a interrogé le témoin sur l’âge des recrues qu’il avait côtoyées au camp. Il a signalé qu’il ne connaissait pas leurs âges mais que certains avaient son âge et que d’autres étaient plus âgés. Le témoin n’a pas indiqué en séance publique son âge mais il s’est décrit comme étant un ex-enfant soldat. L’essentiel du témoignage s’est déroulé à huis clos.

Le témoin a déclaré à la Cour que lors de l’attaque de la ville de Bunia, il avait, avec plusieurs autres garçons, été utilisé comme éclaireur afin d’indiquer la position des ennemis de l’UPC au reste des combattants. Il a précisé avoir pris une balle dans le pied lors de la bataille de Bunia.

Lors d’un autre combat, à Mogwalu, son rôle consistait à apporter des sacs de munitions sur le front. Il a indiqué que certains garçons de son âge portaient des armes pour les batailles de Bunia et Mongwalu et avaient participé aux combats. Il n’a pas précisé s’il avait utilisé une arme lorsqu’il était à l’UPC.

Il a déclaré qu’ils avaient appris à monter et démonter des mitraillettes dans les camps d’entraînement et que ceux qui n’y parvenaient pas étaient fouettés. Ceux qui n’obéissaient pas aux ordres des commandants étaient également fouettés.

Plus tôt dans la journée, un autre ex-enfant soldat avait conclu son témoignage. Les deux ex-enfants soldats ainsi qu’un ancien enseignant étaient les trois victimes participantes citées à comparaître avant que la défense ne débute la présentation des ses éléments.

Les trois victimes participantes ont toutes déclaré que Lubanga était le chef de l’UPC et ont signalé l’utilisation d’enfants soldats par l’UPC. Ils ont également évoqué le traitement inhumain infligé aux recrues, y compris aux filles, dans les camps d’entraînement de l’UPC.