- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

La victime décrit la torture dans un camp de l’UPC

Vendredi, la deuxième victime participant au procès de Lubanga a relaté la manière dont elle avait été torturée dans un camp de l’Union des patriotes congolais (UPC), une milice que les procureurs de la Cour pénale internationale (CPI) présument avoir été dirigée par Thomas Lubanga.

Il a également indiqué à la Cour que les commandants de l’UPC lui avaient ordonné de leur trouver de belles jeunes filles et d’emmener les miliciens dans les maisons des riches habitants du village qu’ils ont ensuite volé.

Le témoin, un ex-enfant soldat de l’UPC qui avait depuis repris l’école, a déclaré avoir assisté à la mise à mort par peloton d’exécution de combattants de l’UPC ayant commis des crimes. Le procureur Nicole Samson lui a demandé qui avait ordonné l’exécution et il a rétorqué qu’il n’y avait que le commandant du camp qui pouvait l’ordonner.

« Connaissez-vous l’âge des personnes sanctionnées de cette manière? », a interrogé Samson au sujet des exécutions.

« Tout le monde était puni dans le camp », a-t-il répondu.

Dans le camp d’entraînement, les recrues étaient souvent fouettées pour ne pas s’être réveillées assez tôt le matin mais parfois elles étaient fouettées sans raison. Il a indiqué que, chaque matin, les recrues étaient réveillées et sommées par les commandants de plonger dans une rivière.

Il a évoqué la fois où la femme et un garde du corps de son commandant l’avaient torturé. Il avait des douleurs dans la poitrine et n’ayant pu se réveiller tôt le matin, il a été fouetté. La femme du commandant lui a ensuite demandé d’aller à la rivière pour lui ramener de l’eau. Alors qu’il ramenait péniblement un récipient de 20 litres d’eau vers le camp, ce dernier tomba et l’eau se répandit sur le sol.

La femme du commandant n’a pas admis son explication selon laquelle il n’avait pas endommagé le récipient intentionnellement. « La femme m’a giflé. J’étais pourtant trempé. J’ai expliqué que je ne l’avais pas fait exprès et elle m’a répondu que c’était faux », a-t-il indiqué.

Comme il tentait de s’expliquer, un des gardes du corps les a rejoint : « Il m’a frappé également mais avec la crosse de son fusil. Et comme je pleurais, il m’a demandé de ne pas pleurer. Il a sorti un couteau de sa poche et m’a donné un coup à côté de l’œil. Le garde du corps m’a coupé ici et il m’a dit qu’il allait me faire un dessin de l’autre côté [de mon œil] ici. Puis il m’a attrapé par les testicules et il m’a tiré jusqu’à ce que j’ai mal à cet endroit ».

Le témoin se présentait à la barre hors de vue des spectateurs de la tribune du public avec le visage et la voix déformés numériquement. Après que le témoin ait indiqué l’endroit où il avait été poignardé, Samson a précisé que le témoin avait déplacé sa main droite pour montrer qu’il avait été poignardé tout d’abord près de l’œil gauche. Elle a ajouté que lorsque le témoin avait indiqué l’endroit où le commandant voulait lui faire un dessin, il avait déplacé sa main vers la zone de son œil droit.

Bien que Lubanga soit accusé de l’enrôlement, de la conscription et de l’utilisation d’enfants soldats, les procureurs et les représentants légaux des victimes ont l’intention de démontrer que les crimes sexuels et le traitement inhumain commis sur des civils et des enfants soldats par l’UPC entrent également dans le champ de ces charges.