- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

La victime: j’ai vu mes amis tomber comme des mouches

Jeudi, un ex-enfant soldat s’est remémoré la manière dont il avait été enlevé par des membres de la milice que Lubanga aurait dirigé puis il a indiqué avoir été torturé et avoir assisté lors de combats à la mort de ses amis qui « tombaient comme des mouches ».

L’ex-enfant soldat était la seconde victime participante à témoigner au procès Lubanga. Il a indiqué que Lubanga était le chef des combattants de l’Union des patriotes congolais (UPC) et il a relaté comment les commandants de l’UPC violaient les filles soldats de 13 ou 14 ans puis il a décrit comment les combattants qui fuyaient le front des combats étaient exécutés une fois capturés.

Évoquant un combat auquel il avait pris part en 2003 en tant que combattant de l’UPC, il a déclaré : « Ce jour-là, des personnes ont été tuées. J’ai vu des gens mourir à côté de moi. Ils tombaient comme des mouches. Même les amis avec lesquels nous étions étaient morts. Les commandants mourraient également. C’était terrible ». Il a indiqué que ces combats avaient eu lieu à Bogoro, dans la province de l’Ituri de la République démocratique du Congo et avaient opposé l’UPC à ses ennemis.

Interrogé par son avocat Joseph Keta sur l’identité de ces ennemis de l’UPC, le témoin a précisé qu’il s’agissait de membres des groupes ethniques Lendu et Ngiti et de la milice des Forces de Résistance Patriotique d’Ituri (FRPI). Lubanga, qui est accusé de crimes de guerre relatifs à la conscription, l’enrôlement et l’utilisation d’enfants soldats, appartient à l’ethnie Hema qui est accusée d’avoir dirigé sa violence contre les groupes ethniques Lendu et Ngiti.

Deux autres anciens chefs de milice congolais, Germain Katanga et Mathieu Ngudjolo Chui, ont été accusés par la Cour pénale internationale (CPI) de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité pour leurs rôles présumés dans l’organisation d’une attaque sur Bogoro en février 2003. Ils ont combattu contre la milice de Lubanga. La CPI a déclaré que près de 200 civils avaient été tués dans cette attaque de Bogoro.

Jeudi, à La Haye, l’ex-enfant soldat a indiqué à la Cour que les combattants de l’UPC qui avaient fui le front avaient été exécutés une fois capturés. Ils auraient été attachés à un arbre, leurs yeux bandés, puis des soldats placés à 15 ou 20 mètres des auteurs du délit auraient tiré sur ces derniers jusqu’à ce qu’ils soient assurés de leur mort.

Il a précisé que les coups de fouet étaient monnaie courante. Ils avaient été fouettés de nombreuses fois pour avoir bafoué les règles du camp et parfois ils avaient été fouettés sans aucune raison.

Il a déclaré à la Cour qu’il avait été enlevé par des miliciens de l’UPC puis tenu captif dans une prison dirigée par ce groupe et enfin enrôlé dans la milice. L’ex-enfant soldat est maintenant scolarisé et lorsque son avocat Keta lui a demandé quels étaient ses espoirs pour l’avenir, il a répondu qu’il souhaitait continuer l’école.

Le procureur Nicole Samson a demandé au témoin ce qu’il avait fait lorsque des membres de la milice l’avaient enlevé. « Je les ai imploré de me laisser partir », a-t-il répliqué. « Ils ont menacé de m’abattre aussi j’ai obéi et je les ai suivi ».