Rapports quotidiens

11 Janvier 2010

Trois victimes devraient témoigner cette semaine

Par Wairagala Wakabi

Cette semaine, trois des 103 victimes participant au procès de Thomas Lubanga devraient apporter leur témoignage dans ce qui constitue la première occasion pour des victimes de témoigner en leur qualité de victimes à la Cour pénale internationale (CPI).

Les victimes ont joué jusqu’à présent un rôle unique dans le procès.  Leurs représentants légaux ont assisté à toutes les audiences de la Cour et se sont principalement impliqués jusqu’à ce jour dans les interrogatoires de certains témoins cités par l’accusation. En outre, au milieu de l’année dernière, ils ont fait la demande, en vain, auprès de la Cour d’ajouter les charges de crimes sexuels et de traitement inhumain à l’encontre de Lubanga, ce qui a constitué une situation inédite pour les tribunaux internationaux. Lubanga est accusé de l’enrôlement, de la conscription et de l’utilisation d’enfants soldats âgés de moins de 15 ans.

Dans une interview donnée au site Web du procès Lubanga, Luc Walleyn, un des représentants légaux des victimes, a expliqué l’importance de la participation des victimes au procès. « Dans les faits, vous pouvez clairement constater que l’interrogatoire du procureur n’est pas le même que celui des représentants des victimes », a-t-il indiqué.

Il a déclaré que si le procureur s’intéresse principalement à la hiérarchie de l’Union des patriotes congolais (UPC) – le groupe que Lubanga aurait dirigé – ainsi qu’à la responsabilité individuelle de l’accusé, les représentants légaux des victimes sont plus attachés à montrer quelle était la réalité sur le terrain pour les enfants ayant participé au conflit armé. Les avocats des victimes ont avancé que lorsque les juges auront compris les circonstances entourant la manière dont les enfants avaient rejoint le conflit armé ainsi que les souffrances subies, si l’accusé est déclaré coupable et que des réparations sont déterminées pour les victimes, ces éléments seront alors pris en compte.

De plus, Walleyn a ajouté, « il est important pour les communautés qui suivent le procès d’entendre les voix des victimes et de comprendre que ces jeunes gens qui appartenaient à cette milice ne doivent pas être considérés comme des criminels mais comme des victimes. »

Dans une interview qui sera publiée sur le site Web Lubangatrial.org cette semaine, Walleyn indique que l’opportunité de poursuivre Lubanga pour crimes sexuels a été manquée. Il donne également son sentiment sur la question des réparations pour les victimes et explique pourquoi les représentants légaux des victimes ne sont pas satisfaits de l’équipe de défense.

Vendredi dernier, des informations détaillées concernant les trois victimes qui témoigneront cette semaine ont été fournies à l’équipe de la défense. La Cour a toutefois accédé à la demande des avocats des victimes pour que des informations telles que les numéros de téléphone et les lieux de résidence actuels des victimes ne soient pas divulgués.

Mots clés: , , , ,