Rapports quotidiens

7 Janvier 2010

Une représentante de l’Onu demande justice pour les filles soldats

Par Wairagala Wakabi

Jeudi, Radhika Coomaraswamy, l’envoyée spéciale du secrétaire général de l’ONU sur les enfants et les conflits armés a demandé aux juges du procès de Thomas Lubanga de rendre justice aux filles impliquées dans les conflits armés.

Comparaissant en tant que témoin-expert le jour de reprise du procès après une interruption de six mois, le témoignage de Coomaraswamy s’est attardé sur les interprétations des expressions « conscription ou enrôlement d’enfants » et « utilisation d’enfants pour participer activement à des hostilités » puisqu’elles concernent les charges auxquelles Lubanga doit répondre.

Elle a indiqué que, conformément au Protocole facultatif à la Convention relative aux droits de l’enfant, concernant l’implication d’enfants dans les conflits armés, il n’y avait aucune distinction entre la conscription et l’enrôlement. « Aucune partie n’est autorisée à recruter une personne âgée de moins de 18 ans dans un conflit armé », a-t-elle déclaré, soulignant que les dirigeants des groupes armés ne pouvaient avancer l’excuse que l’enfant avait rejoint leurs groupes volontairement.

En ce qui concerne ce que représente l’utilisation d’enfants « pour participer activement à des hostilités », Coomaraswam a exhorté la Cour à ne pas retreindre l’interprétation aux rôles joués dans les combats mais d’interpréter les expressions afin qu’elles englobent la large gamme de rôles joués par les enfants soldats qui étaient essentiels au bon fonctionnement des groupes armés.

Elle a tout spécialement appelé la Cour à définir la participation pour qu’elle puisse intégrer l’ensemble des activités que les filles soldats ont effectué lors des conflits armés. « Les filles ont joué de nombreux rôles, y compris ceux de combattants, de porteurs, d’éclaireurs mais aussi d’esclaves sexuelles et “d’épouses de la jungle”… nous devons attirer l’attention sur les rôles que les filles ont joué et la nécessité de les protéger dans toutes les situations ».

Coomaraswamy a indiqué aux juges du procès Lubanga qu’il était important que leurs décisions tiennent compte de tous les enfants et qu’elles n’ignorent pas ce que les filles ont fait lorsqu’elles ont été contraintes de rejoindre les groupes armés « indépendamment du fait qu’elles aient ou non pris part à des combats directs dans les conflits armés ». Elle a ajouté : « Rendez-leur justice pour la cruauté des abus qu’elles ont subis ».

L’avocat de Lubanga, Jean-Marie Biju-Duval, a demandé au témoin d’expliquer les différents moyens par lesquels les enfants avaient rejoint les groupes armés. Elle a indiqué que lors d’une guerre motivée par des raisons ethniques, les enfants étaient contraints par leur famille ou les anciens à rejoindre les groupes armés afin de défendre leurs communautés et de les protéger de l’ostracisme.

Mais de nombreux enfants ont été enlevés et contraints à devenir membres des milices en République démocratique du Congo, ainsi qu’en Sierra Leone et au Soudan. La pauvreté et le manque de protection ont également forcé les enfants à s’engager dans les conflits armés.

Biju-Duval a suggéré qu’un enfant témoin du pillage de son village ou du massacre de sa famille ait pu rejoindre volontairement un groupe armé. Coomaraswamy a rétorqué que c’était aux chefs de ces groupes d’accepter ou d’empêcher les enfants de rejoindre leurs groupes.  Elle a indiqué que ceux qui les acceptaient ainsi que ceux qui les enrôlaient commettaient un crime de guerre.

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