- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Réactions de la société civile

Le projet du procès Lubanga, une initiative commune de l’Institute for War and Peace Reporting Netherlands et l’Initiative Société Ouverte, s’est déplacée le mois dernier – pour se rendre dans la ville de Bukavu dans la province du Sud Kivu dans l’Est du Congo.

Le Coordinateur des projets pour la RDC, Charles Mukandirwa et l’assistant administratif Backar Burubi ont rencontré les avocats, les ONG, journalistes, étudiants, leaders religieux et chefs locaux du 26 juillet au 3 août pour leur présenter le projet et obtenir leurs opinions sur le procès et la Cour pénale internationale.

Il était clair que les gens étaient peu informés sur le déroulement du procès Lubanga mais néanmoins s’intéressaient vivement aux derniers événements survenus à La Haye.

Ils désiraient également adresser de nombreuses questions à l’équipe charge du projet.

Pascal Munoka de l’ONG Action pour le Développement des Communautés Paysannes a demandé pourquoi la CPI n’avait pas poursuivi les auteurs de massacres à Makobola et à Kasika en 1998. Il s’est également pose la question à savoir pourquoi ceux qui travaillaient avec Lubanga ne faisaient pas l’objet d’un procès.

Nous avons également rencontré diverses organisations d’étudiants pour leur expliquer le projet et leur présenter le site Web. Ils nous ont demandé si Lubanga était le seul responsable des crimes perpétrés au Congo et si son procès pouvait être équitable puisqu’il avait été accuse de crimes par le gouvernement de la RDC. Ils ont voulu savoir pourquoi seuls des Africains se trouvaient à La Haye.

Aux bureaux de la Ligue Nationale de la Jeunesse, une organisation de la jeunesse qui opère à travers le pays, ils ont dit que la CPI n’avait que peu d’impact sur la société civile en raison de la lenteur de la procédure et de son incapacité à communiquer aux simples citoyens le déroulement du procès ou les résultats de ses enquêtes. Pablo Muke, Trish Mastaki et Joel Mapatano sont d’avis que le projet commun IWPR/OSI pourrait aider à combler cette faille, en terme de diffusion de l’information.

L’employée de l’ONG Réseau des Femmes pour la Défense des Droits et la Paix, Yvette Kabuo Tsongo, pense que les Congolais perdent confiance dans la CPI en raison de son manque de transparence.

Les réunions ont été suivies d’une journée d’échanges qui a permis à des groupes locaux de tenir un forum public où partager leurs perspectives sur la justice internationale et le procès Lubanga. 51 personnes y ont participé et la discussion fut animée. Les participants ont déclaré qu’avant le projet du procès Lubanga, ils n’avaient presque pas accès aux informations sur la CPI et le procès et qu’ils emploieraient ce qu’ils avaient appris au cours de leurs activités professionnelles.

Un thème de discussion fut la défaillance des États-Unis, de la Russie et de la Chine à ratifier le Statut de Rome, signifiant que la probabilité pour que leurs citoyens soient jugés dans ces pays est faible.

Les participants ont posé de nombreuses questions à l’équipe chargée du projet, dont :

À la fin de la journée, les participants ont évalué la discussion et soumis des recommandations à l’intention de l’IWPR Netherlands et de l’OSI concernant l’avenir du projet qu’ils souhaiteraient voir continuer tout au long du procès. Ils ont demandé sa prolongation en vue de cibler des zones plus rurales du Sud Kivu et son extension afin d’inclure les procès  de Germain Katanga, Mathieu Ngudjolo et de Jean-Pierre Bemba, devant se tenir prochainement.

Ils ont également demandé à l’IWPR de poursuivre son programme radio sur la justice internationale, Face à la justice (Facing Justice), et d’envisager la possibilité de l’étendre à la télévision afin d’augmenter l’audience d’écoute.

Des évènements similaires sont prévus à travers le pays dans les mois à venir et il est clair que les Congolais ont besoin de davantage d’informations au sujet de la CPI et que ceux-ci devraient avoir la possibilité de participer au débat en cours sur la justice internationale.

L’équipe chargée du projet a organisé un débat d’idées similaire dans la capital provincial du Nord Kivu où l’IWPR-OSI vient tout juste d’ouvrir son bureau. Comme à Bukavu, près de 60 participants se sont déclarés intéressés par la CPI mais avaient peu d’informations sur les débats se déroulant à La Haye.