Rapports du proces

10 August 2009

Dernières nouvelles : Que se cache-t-il derrière un nom ?

Par Rachel Irwin

Les noms congolais posent un problème croissant dans le cadre du procès de Thomas Lubanga.

Lors de la plaidoirie des procureurs, la défense a fait remarquer que les noms des victimes portés sur les actes soumis à la Cour variaient d’un document à l’autre.

Puisque ces divergences pourraient mettre en doute la crédibilité des témoins, les avocats des victimes ont soumis une analyse sur l’historique, le processus et le contexte juridique de l’attribution des noms en RDC.  

Comme l’ont expliqué les avocats, la législation congolaise n’exige pas que les enfants portent le même patronyme que leurs parents, ni que les enfants aient des prénoms fixes. En outre, alors que la législation spécifie qu’un enfant doit être déclaré dans les 30 jours suivants sa naissance, cette exigence est rarement respectée, surtout dans les zones rurales.

De ce fait, la majorité des naissances ne sont pas enregistrées par l’État. Le nom d’une personne ainsi que les informations permettant de l’identifier ne sont enregistrées que si cette personne va à l’école, est soignée à l’hôpital ou devient membre d’une organisation religieuse ou sociale.

Même dans ces cas, l’orthographe dépend des compétences de celui ou de celle qui procède à l’enregistrement et peut ainsi être modifié maintes fois.

En outre, comme l’ont expliqué les avocats, les habitants de la RDC ne sont identifiés par un patronyme unique, mais portent plusieurs noms dont ils servent en fonction des situations. Une personne peut utiliser un premier nom dans un cadre professionnel, un deuxième dans un autre cadre social et encore un troisième pour son passeport – et son identité ne serait pas mise en doute.

« L’identité du témoin ne peut être comprise … sans tenir compte de son histoire personnelle, » ont écrit les avocats des victimes.

Les surnoms sont souvent utilisés en lieu et place du prénom. Par exemple, l’ancien Président de la RDC, Laurent-Désiré Kabila, était souvent surnommé « Mzee » (signifiant « Le Sage » en Swahili) même sur les documents officiels.

 Sur la demande des avocats des victimes, le Professeur d’université de nationalité congolaise Kambayi Bwatshia, un expert sur les noms en RDC, témoignera sur cette question avant que la défense n’entame sa plaidoirie en octobre.