- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Un témoin a rencontré Lubanga pour parler des enfants soldats

Aujourd’hui, une spécialiste de la protection de l’enfance a déclaré aux avocats des victimes qu’elle avait personnellement rencontré Thomas Lubanga pour évoquer la question de l’enrôlement forcé.

Le témoin, Christine Peduto, qui a travaillé pour la mission des Nations Unies en République démocratique du Congo (MONUC), a indiqué avoir rencontré Lubanga le 30 mai 2003 à son domicile, dans la ville de Bunia.

« Contrairement à la réaction des autres groupes armés que j’avais précédemment rencontré, il n’y a eu [de la part de Lubanga] aucune volonté de coopérer », a déclaré Peduto. « Il n’y avait aucun signe montrant une ouverture d’esprit ou la volonté de discuter vraiment de ce sujet ».

Peduto a précisé qu’à une autre occasion, elle avait discuté avec Floribert Kisembo, un responsable de haut rang de l’Union des patriotes congolais (UPC).

« Nous avions eu un incident de sécurité dans un de nos centres de transit [pour les enfants démobilisés] », a-t-elle expliqué. « J’ai téléphoné personnellement à Kisembo pour l’informer que l’UPC avait pénétré à l’intérieur du centre ».

Témoignant à la barre pour le troisième jour consécutif, Peduto s’est exprimée en français sans aucune des mesures habituelles de protection, telles que la déformation numérique du visage et de la voix.

Peduto a indiqué à la Cour qu’elle avait eu des entretiens avec de nombreux enfants et que la quasi-totalité des filles avaient été violées par les commandants ou les soldats de l’UPC. Elle a ajouté que la plus jeune avait 12 ans.

« Certaines des filles ont présenté cela comme un mariage », a-t-elle expliqué. « Elles parlaient de leur première relation légitime. C’est de cette manière qu’elles le percevaient ».

Peduto a indiqué que les filles ne réalisaient ce qu’il leur arrivait qu’après avoir été offertes à plusieurs commandants.

« Elles se rendaient compte que la relation avec le premier officier n’était pas légitime », a-t-elle ajouté. « L’état [psychologique et physique] de ces jeunes filles était épouvantable, vraiment catastrophique ».

Aucune audience n’est prévue vendredi mais la Cour se réunira de nouveau lundi.