- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Les jeunes recrues féminines avaient trouvé difficile de se réintégrer et un témoin admet avoir donné de fausses informations

Le procès de Thomas Lubanga à la Cour pénale internationale, CPI, a été marqué cette semaine par un témoignage relatant que les jeunes recrues féminines avaient trouvé difficile de se réintégrer à la société après avoir quitté l’Union des patriotes congolais, UPC.

La plupart des filles avaient été violées par les commandants au sein de la milice de Lubanga, tombant souvent enceintes.

“Les filles sont les personnes les plus vulnérables parmi les enfants soldats,” a déclaré le témoin protégé, qui travaillait dans un centre de réintégration pour anciens enfants soldats en République démocratique du Congo, RDC.

“Certaines filles sont revenues [de la milice] avec des bébés,” a-t-il ajouté.

Le témoin parlait français, sa voix et son visage étant brouillés. La plus grande partie de sa déposition a eu lieu à huis clos.

Lubanga est accusé du recrutement, de la conscription et de l’utilisation d’enfants soldats de moins de quinze ans pour les faire participer dans les conflits ethniques qui ont fait rage dans la région de l’Ituri en République démocratique du Congo, RDC, en 2002 et 2003.

Outre le viol et la grossesse, de nombreuses filles ayant témoigné ont eu des résultats positifs à des tests d’infections sexuellement transmissibles, a indiqué le témoin. En résultat, les anciennes filles soldats étaient souvent stigmatisées par leurs communautés, et très peu d’entre elles eurent la capacité d’y retourner.

“La honte qui vient avec tout cela [et] le rejet par la communauté…ont tendance à rappeler à une fille la situation qu’elle a enduré,” a expliqué le témoin.

Sans moyens financiers, un grand nombre de ces filles se sont tournées vers la prostitution pour survivre. Cela les a encore plus ostracisées aux yeux de l’extérieur, a-t-il dit.

Dans un autre développement intervenu cette semaine, un témoin qui avait admis avoir donné de fausses informations aux enquêteurs a requis que sa nouvelle déclaration soit gardée confidentielle, même pour Lubanga.

Le témoin, identifié par le nombre 15, avait avoué aux juges le 19 juin qu’une grande partie de sa déposition initiale aux enquêteurs avait été inventée.

Le juge Adrian Fulford avait décidé qu’il devait fournir à la Cour une nouvelle déclaration fidèle aux faits – cette fois-ci en présence de son propre avocat et des avocats de Lubanga.

Bien qu’il ne soit toujours pas clair si ou quand le témoin 15 reviendra pour témoigner, son avocat commis d’office a requis que la nouvelle déclaration soit tenue secrète de Lubanga, énumérant des raisons de sécurité.

La défense a trouvé cette demande inacceptable. “La confidentialité au regard du public, ce n’est pas un problème,” a déclaré Catherine Mabille, l’avocate principale de Lubanga. “La confidentialité par rapport à la défense c’est impossible.”

Fulford a répondu que seules des circonstances exceptionnelles garantiraient une confidentialité totale. Il a expliqué qu’il n’était pas “correct” pour les juges d’ordonner que la déposition soit tenue secrète de l’accusé, en particulier étant donné qu’elle avait été donnée en présence des ses avocats.

Cependant, la Cour prendrait, “toutes les mesures nécessaires” pour protéger le témoin et sa famille, a déclaré Fulford.