- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Les recrues féminines engrossées par les commandants

Mardi, un ex-soldat de l’Union des patriotes congolais (UPC) a déclaré aux procureurs que les jeunes recrues féminines étaient engrossées par les commandants de la milice de Thomas Lubanga.

« [Les commandants] prenaient les filles et les mettaient enceintes et ensuite ces filles devaient quitter le camp et retourner dans leur village », a indiqué le témoin qui entraînait de jeunes recrues au centre de Mandro, situé à 25 km environ de la ville de Bunia en Ituri.

Le témoin poursuivait son témoignage de vendredi et s’exprimait en swahili avec la voix et le visage numériquement déformés.

Selon ce dernier, les recrues féminines ne pouvaient que se conformer aux ordres des commandants.

« Vous deviez obéir aux ordres que vous le vouliez ou non », a précisé le témoin. « Les recrues n’étaient pas considérées comme des êtres humains et si quelqu’un, une fille en l’occurrence, était emmenée par un commandant … elle devait l’accepter ».

Le témoin a estimé que certaines des filles enceintes avaient 14 ou 15 ans.

Il a également évoqué avoir vu des enfants de cet âge, garçons et filles, combattre à Mongbwalu, une ville du nord de l’Ituri renommée pour ses mines d’or.

« Savez-vous si les enfants utilisaient leurs armes ? », a interrogé le procureur Manoj Sachdeva.

« Lorsque vous prenez part à un combat, vous devez vous battre », a répondu le témoin. « [Les enfants] utilisaient des armes ».

Le témoin a indiqué que l’UPC n’avait pas gagné la bataille de Mongbwalu. Après que la milice soit retournée dans son quartier général de Bunia, le témoin a précisé avoir surpris une discussion entre les officiers de haut rang de l’UPC, dont Lubanga, sur une seconde attaque de la ville.

« Qu’a dit Thomas à cette réunion ? », a demandé Sachdeva.

« Ils ne parlaient que de Mongbwalu », a répondu le témoin, ajoutant qu’on lui avait ordonné de monter la garde à l’extérieur de la salle dans laquelle avait lieu la réunion.

Deux jours plus tard, selon le témoin, l’UPC s’est de nouveau rendu à Mongbwalu pour  se battre. Il a indiqué que la milice fut, cette fois-là, le vainqueur et que les soldats pillèrent la zone pendant toute la semaine suivante.

Provoquant une interruption surprise de la séance à la Cour, Lubanga s’est levé et s’est plaint d’une personne assise dans la tribune du public.

« Je suis gêné par l’attitude d’une personne présente dans le public et j’ai l’impression qu’elle veut dessiner mon portrait », a indiqué Lubanga au juge président Adrian Fulford. « Il m’a été impossible de me concentrer depuis le tout début ».

« Je constate que cela peut être extrêmement gênant pour vous », a déclaré Fulford qui a ensuite ordonné à la personne de la tribune d’arrêter ce qu’elle était en train de faire.

Le contre-interrogatoire mené par les avocats de la défense s’est déroulé presque entièrement à huis clos. Le procès reprendra demain.