Commentaire

22 Juin 2009

Opinions des congolais sur le procès de Lubanga

Par Charles Mukandirwa Wetemwami

L’Institute for War and Peace Reporting Netherlands, l’IWPR, en partenariat avec Open Society Justice Initiative, a rencontré en RDC les acteurs locaux afin d’appréhender leur niveau de compréhension de la Cour pénale internationale, la CPI, et du procès de Thomas Lubanga.

Jusqu’à présent, les impressions recueillies dans la province du Nord-Kivu et émanant de la société civile ou de la communauté juridique indiquent que la connaissance du fonctionnement de la CPI à La Haye est limitée mais que l’obtention de nouvelles informations sur ce sujet suscite un grand intérêt.

Une représentante d’une ONG contre les violences sexuelles, Synergie des Femmes pour les Victimes des Violences Sexuelles, la SFVS, située à Goma, a déclaré qu’elle avait besoin de plus amples informations sur la Cour afin d’informer correctement les victimes avec lesquelles elle travaille.

« Les victimes veulent parfois comprendre si la CPI peut leur rendre justice et par quel moyen. Le problème est que nous ne savons pas grand-chose de la CPI ».

Lorsqu’une autre représentante de la SFVS fut interrogée pour savoir si les autres ONG étaient mieux informées, la réponse fut négative. « Nous sommes tous dans la même situation. Elles n’ont pas accès aux bonnes informations sur la CPI et le procès de Lubanga », a-t-elle précisé.

La SFVS et les autres ONG nous ont indiqué qu’elles s’inquiétaient de la lenteur du procès de Lubanga et qu’elles se demandaient pourquoi les victimes attendaient toujours justice et réparation plus de trois ans après que Lubanga ait été transféré à La Haye.

«  Il serait préférable pour les victimes mais aussi pour Lubanga, car il a besoin d’être informé quant à sa situation, qu’un jugement soit prononcé. La manière dont la CPI traite les crimes commis en RDC est beaucoup trop lente », a indiqué un membre de la SFVS.

Le CRONGD, un réseau d’ONG de développement promouvant la paix et la justice, a fait part également de sa perplexité. Nous avons rencontré le secrétaire exécutif du CRONGD dans ses bureaux. Il a volontiers discuté de la CPI et du procès Lubanga mais il a considéré également que la CPI était trop lente, particulièrement dans les provinces du Kivu.

« Nous avons entendu dire que la CPI avait commencé à enquêter dans les Kivus mais pourquoi est-ce si lent ? Et pourquoi n’exécute-t-elle pas les mandats d’arrêts qu’elle a lancé précédemment contre certaines personnes ? ».

Un représentant de la Commission pour la paix et la justice a fait l’éloge du projet lubangatrial.org et a exprimé le besoin d’obtenir plus d’informations sur la CPI en général, le procès de Lubanga et le système judiciaire du Congo.

« Nous apprécions le travail de la CPI », a-t-il indiqué. « La CPI peut atteindre des gens puissants que notre justice ne peut toucher mais le processus est lent.

« Je ne connaît pas le déroulement du procès de Lubanga car je n’ai pas d’informations à ce sujet.

« Il y a deux ans, j’ai participé à une journée d’échange sur la CPI  C’était très intéressant mais je n’ai pas eu d’autres opportunités depuis pour approfondir ma connaissance de la CPI et de ses différents procès. Pourriez-vous nous fournir quelques informations afin de nous aider à comprendre comment nous pouvons contribuer aux poursuites judiciaires des autres criminels ? ».

Un autre membre de la société civile a ajouté, « Il y a un manque d’information non seulement sur le procès de Lubanga mais également sur les activités de la CPI. Nous aimerions avoir de plus amples informations mais nous n’en obtenons aucune.

Après ces rencontres, nous pouvons conclure qu’il existe une forte demande d’informations concernant la CPI et le procès de Lubanga.

Les 20 ONG et groupes médiatiques que nous avons rencontrés semblent d’accord sur le fait qu’il subsiste un manque d’information sur le procès de Lubanga. Les Congolais connaissent peu les activités en cours de la CPI malgré le fait que la plupart des détenus de La Haye soient congolais. C’est également le cas des personnes qui devraient être plus intéressées par le procès comme les avocats et les dirigeants des ONG.

Il apparaît également que les acteurs locaux soutiennent l’IWPR et le projet de l’OSI pour effectuer la diffusion des informations sur le procès de Lubanga mais ils souhaiteraient étendre ce projet afin qu’il inclue le système judiciaire congolais. « Pourquoi ne parle-t-on que du procès de Lubanga ? Pourquoi n’évoque-t-on pas le système judiciaire congolais ? », a demandé Immaculée Biraheka du Programme d’Appui aux Initiatives des Femmes, le PAIF.

Lorsqu’un militant de la société civile fut interrogé sur l’IWPR et sur le projet commun de l’OSI consacré au procès de Lubanga, il a répondu, « Il s’agit d’un bon projet. Nous soutenons le concept. Nous aimerions que vous nous aidiez à accéder aux informations relatives au procès et aux activités de la CPI. Si vous avez de la documentation à nous transmettre, cela serait formidable ».

Charles Mukandirwa Wetemwami est l’officier de liaison de www.lubangatrial.org et est basé à Goma, en RDC.

1 Comment

  1. Le Kivu n’est pas l’Ituri. Les originaires du Kivu ont eu des difficultés de comprendre ce qui s’est passé réellement en Ituri; tout comme il est difficile aux ituriens de maîtriser les dones du Kivu.
    Si la CPI voulait réellement aider les congolais, le procès Thomas Lubanga aurait dû se tenir à Bunia en Ituri, théatre des crimes concernés. Il y aurait plus d’avantages que d’inconvénients; mais la politique a pris le dessus sur la justice et on assiste à un procès à huis clos pour justifier au moins les grosses finances dont la CPI a besoin, peu importe le besoin en information des congolais .

    Commentaire par Dhetchuvi Jean-Baptiste — 5 Juillet 2009 @ 06:40