Rapports quotidiens

17 Juin 2009

Un expert : les milices tenaient des propos contradictoires

Par Rachel Irwin

Mercredi, un expert des questions relatives à la République démocratique du Congo (RDC) a déclaré à la Cour que les milices de la région de l’Ituri ont souvent fait des déclarations contradictoires sur l’utilisation des enfants soldats.

 « Ces chefs de milice tentaient d’une part de justifier l’utilisation d’enfants soldats mais d’autre part niaient y avoir recours », a indiqué Roberto Garreton, un avocat chilien, ex-envoyé spécial des Nations Unies pour les droits de l’homme en RDC.

« [Les chefs de milice] répétaient, « Nous n’utilisons pas d’enfants soldats mais ils sont utiles car … » – ils tenaient fréquemment des propos contradictoires », a-t-il expliqué.

Garreton est intervenu à la barre en tant que témoin expert afin de replacer l’histoire de la RDC dans son contexte. Il a indiqué que les enfants avaient été largement utilisés en tant que soldats malgré la condamnation d’organismes internationaux de défense des droits de l’homme.

« Est-ce que les gens savaient que l’utilisation d’enfants soldats était désapprouvée à l’échelle internationale ? », a demandé le procureur Nicole Samson.

« Le grand public n’avait pas accès à cette information », a répondu Garreton parce que « Cette guerre, comme toutes les guerres, ne s’est pas déroulée dans une démocratie ».

Il a précisé que seules les élites instruites de Kinshasa avaient accès aux sources internationales d’information et d’opinion qui ont condamné à de nombreuses reprises l’utilisation d’enfants soldats.

Il a indiqué avoir vu en une occasion, lorsqu’il se trouvait en RDC au début des années 2000, des enfants armés à l’aéroport de Bunia dont il a estimé l’âge entre 9 et 12 ans.

Garreton a précisé que, quelques jours plus tard, il s’était rendu au domicile de Jean-Pierre Bemba, le chef du Mouvement de libération du Congo (MLC), qui est poursuivi pour crimes de guerre et crimes contre l’humanité et qui est actuellement dans l’attente de son procès à la CPI.

Garreton a signalé à Bemba qu’il avait vu des enfants soldats. Bemba aurait rétorqué que, « il y a ici des ethnies dont les membres sont très petits », sous-entendant que les soldats que le témoin avait vu n’était pas en réalité des enfants.

Le témoin sera interrogé par les avocats de la défense de Lubanga jeudi matin.

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