- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Un témoin: Lubanga était le commandant en chef

Jeudi, un témoin a déclaré que Thomas Lubanga était le ministre de la défense et le commandant en chef de l’Union des patriotes congolais (UPC).

En tant que président de l’UPC, Lubanga a nommé le groupe de ministres et a fait connaître leurs noms par le biais de la station de radio locale.

Une fois que le groupe a pris le contrôle de Bunia, Lubanga s’est autoproclamé ministre de la défense. « Par conséquent, il était le chef politique de l’armée », a indiqué le témoin.

À ce titre, il « nous a été également indiqué de manière claire qu’il était le commandant en chef de cette armée », a déclaré le témoin. « C’est à dire qu’il n’y avait personne au-dessus de lui pour commander l’armée ».

Poursuivant son témoignage de la veille, le témoin a expliqué qu’il était proche des dirigeants de l’UPC et qu’il visitait régulièrement le quartier général de Lubanga.

Le témoin a indiqué, en réponse à une question du procureur Olivia Struyven, que des enfants soldats figuraient parmi les recrues entraînées au QG de l’UPC où Lubanga avait son bureau et qu’ils pouvaient être vus par des visiteurs.

« Tant que les recrues étaient dans la cour ouverte », a précisé le témoin, « quiconque passait la limite destinée au public pouvait voir ce qui se passait dans la cour intérieure des bâtiments ».

En une occasion, dans le bureau d’une personne que le témoin a dénommé Monsieur A, situé dans le quartier général de l’UPC, le témoin a vu un enfant soldat se faire punir alors qu’il implorait sa mère.

« Apparemment, l’enfant était en colère », a indiqué le témoin, « (et) venait juste d’être puni. La réaction de ceux qui étaient présents, et particulièrement de M. A et de ses collègues, a été de dire « c’est bien, il deviendra plus tard un vrai soldat ».

L’instructeur qui avait puni la recrue a déclaré que sa conduite n’était pas celle d’un soldat.

«  Cela m’a particulièrement ému », a ajouté le témoin. « Un enfant pleurant, appelant sa mère…. M. A et ses collègues, n’éprouvaient aucun remord ni aucune pitié pour l’enfant subissant sa sanction ».

Le témoin a déclaré que bien que des fonctionnaires d’une mission des Nations Unies au Congo (MONUC) avaient visité le QG de l’UPC, ils n’avaient pas eu accès à la zone d’entraînement. Mais il a indiqué que les officiers de l’armée ougandaise y avaient accès régulièrement.

Le témoin a également relaté le massacre de membres des groupes ethniques Nande et Lendu par des miliciens de l’UPC.

Après avoir assisté à ces massacres, il a demandé à M. A d’intervenir tout en lui fournissant le nom des personnes qu’il avait vu prendre part au massacre.

Bien que M. A ait promis de mettre en place une commission d’enquête et d’arrêter les auteurs de ces massacres, « cela lui a été très difficile », a indiqué le témoin.

« Concrètement, il n’y avait aucune volonté de leur part (dirigeants de l’UPC) de changer la situation car ils pensaient que (les étrangers) devaient quitter l’Ituri », a-t-il déclaré. « J’ai constaté qu’il lui était presque impossible de punir les auteurs des massacres ».