Rapports quotidiens

27 Mai 2009

Un témoin déclare que le Rwanda fournissait des armes à l’UPC

Par Wairagala Wakabi

Mercredi, un témoin au procès de Thomas Lubanga a affirmé que la milice de l’Union des patriotes congolais (UPC) avait reçu des armes du Rwanda lorsque l’approvisionnement en provenance de l’Ouganda s’était raréfié.

Le témoin s’est également souvenu avoir assisté à l’entraînement de « centaines » d’enfants soldats dans les camps de l’UPC. Il a indiqué que Bosco Ntaganda, un congolais demeurant toujours en liberté malgré un mandat d’arrêt de la CPI à son encontre, était chargé de l’entraînement.

Le témoin a ajouté qu’il voyageait fréquemment en Ituri et qu’il discutait avec les dirigeants de l’UPC tels que Lubanga dont il visitait régulièrement le quartier général.

Selon le témoin, Lubanga lui aurait déclaré que « l’Ouganda jouait à cache-cache » et c’est pourquoi l’UPC s’était tourné vers le Rwanda pour se procurer des armes.

« L’Ouganda ne souhaitant pas fournir ouvertement des armes en quantité suffisante à l’UPC, les dirigeants de cette dernière avaient dû les trouver ailleurs », a indiqué le témoin.

Il a ajouté que l’armée ougandaise a commencé à entraîner des congolais, y compris des enfants, en 1999 au camp d’entraînement Rwampara dans la région de l’Ituri, précisant que certains congolais étaient emmenés en Ouganda pour se former.

« Les ougandais entraînaient tous les groupes ethniques congolais dans le camp mais chaque groupe a finalement combattu pour soutenir son propre programme ethnique », a-t-il indiqué.

Répondant à une question du procureur Olivia Struyven, le témoin a déclaré que la prise de Bunia par l’UPC en 2002 n’avait pas mis un terme au problème des enfants soldats.

« D’après ce que j’ai vu … (l’utilisation d’enfants soldats) a continué à plus grande échelle après que l’UPC ait pris Bunia ».

Il a ajouté : « À chaque fois que je me suis rendu au QG de l’UPC, j’ai vu l’entraînement militaire (d’enfants) se poursuivre. La personne qui dirigeait l’entraînement dans l’armée de Lubanga et qui en était le pivot, était Bosco Ntaganda ».

L’avocat de la défense Catherine Mabille a protesté, déclarant que le témoin faisait référence à des faits auxquels il n’avait pas assisté et dont la véracité ne pouvait être vérifiée.

Le juge Adrian Fulford a autorisé le témoin a poursuivre, lui indiquant que « puisque d’autres personnes avaient assisté aux faits en question, il devait principalement se concentrer sur les évènements dont il avait connaissance personnellement, c’est à dire parce qu’il était présent lors des événements ou parce qu’il avait assisté à des réunions où ces questions avaient été débattues ».

Malgré cette objection, le témoin a précisé qu’il avait eu « un contact direct avec le pouvoir politique et militaire chargé de l’Ituri et (avec) l’UPDF (Forces de défense populaires de l’Ouganda) qui chapeautait divers groupes militaires ».

Il a ajouté : « Je ne doute pas de la véracité des informations qu’ils m’ont fourni. Et j’ai vérifié toutes les informations qui m’ont été transmises ».

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