Rapports quotidiens

8 Mai 2009

Un travailleur social interrogé à propos d’une réunion

Par Wairagala Wakabi

Un ex-travailleur social, Serge Kilo Ngabu, a déclaré avoir été prié par un commandant appartenant à la milice dirigée par Thomas Lubanga, chef de milice congolais inculpé, d’organiser une réunion afin d’apaiser l’affrontement ethnique déchirant la région de l’Ituri.

Lors du contre-interrogatoire mené par Catherine Mabille, avocat de la défense de Lubanga, l’ex-travailleur social a indiqué avoir été contacté à propos d’une réunion pour la paix en raison de son appartenance à l’ethnie Lendu.

La demande avait émané du ministre de la défense de l’UPC de l’époque, Chef Kahwa Mandro, dont l’objectif était de mettre un terme au conflit entre l’ethnie Lendu et les Hemas, représenté par l’Union des patriotes congolais (UPC).

À cette période, Ngabu travaillait pour l’ONG SOS Grands Lacs qui fournissait des services d’aide et de réinsertion aux ex-enfants soldats.

Ngabu a indiqué à la Cour qu’il avait été arrêté par des soldats de l’UPC en 2002 à Bunia étant donné qu’il était Lendu et considéré à ce titre comme un ennemi par l’UPC.

Après avoir été libéré, un certain Chef Kahwa lui avait demandé d’aider à mettre sur pied une réunion de paix entre les chefs Lendu et Hema mais cette dernière n’a jamais eu lieu.

« Peu de temps après, nous avons appris qu’il existait des problèmes entre cette personne (Kahwa) et ses supérieurs et qu’il avait dû renoncer à son projet », a expliqué Ngabu. Il n’a pas précisé la nature de ces problèmes.

Les procureurs ont toutefois saisi l’occasion pour souligner le rôle de leader de Lubanga au sein de l’UPC lorsque Ngabu a indiqué au procureur Julieta Solano McCausland que Lubanga était, à ce moment-là, le supérieur de Kahwa.

Plus tard dans la journée, les procureurs ont fait l’objet de critiques lorsque le témoignage d’un nouveau témoin qui devait se dérouler à huis clos a été diffusé au public pendant un court instant.

Lorsqu’un ancien sous-commandant de l’UPC a entamé sa déposition, la séance a été soudainement interrompue, ce qui a incité le juge président Adrian Fulford à conseiller aux procureurs de privilégier les procédures en public dans la mesure du possible.

Il a suggéré que les procureurs abordent un ensemble de problèmes et d’argumentaires lors des séances à huis clos puis qu’ils traitent des autres questions en public au lieu de procéder à de courts va-et-vient pendant toute la journée.

Ces allers-retours entre séances publiques et séances à huis clos sont dus, d’une part, au fait que certains témoignages ont été considérés comme sensibles et, d’autre part, à l’inquiétude des témoins pour leur sécurité si la source de certaines informations était identifiée.

Fulford a reconnu que si les juges intervenaient le plus possible à propos des témoignages sensibles, les procureurs étaient plus concernés par les détails et les preuves que les témoins pouvaient leur apporter.

Fulford a donc conseillé aux procureurs d’imaginer des stratégies d’interrogatoire des témoins pour les séances à huis clos et pour les séances publiques afin qu’une protection adéquate des témoins soit mise en place.

Le témoin dont la déposition a été soudainement interrompue se représentera jeudi à la barre après que les témoignages des experts aient été entendus mardi et mercredi.

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