Rapports quotidiens

7 Mai 2009

Un témoin indique que les familles rejetaient les enfants soldats

Par Wairagala Wakabi

Un travailleur social ayant œuvré à la réinsertion d’ex-enfants soldats dans la zone de l’Ituri au Congo a déclaré à la Cour que certaines familles étaient mécontentes lorsque leurs enfants quittaient les milices.

« Nous avons rencontré de grandes difficultés pour réinsérer les enfants dans leurs familles car nombre d’entre elles étaient hostiles à leur retour », a indiqué le témoin, Serge Kilo Ngabu. « Beaucoup de familles considéraient comme une assurance pour l’avenir d’avoir des enfants qui puissent les défendre ».

Ngabu, travailleur social en 2001 et 2002 à Bunia, capitale de l’Ituri, a témoigné en public.

En tant que salarié de SOS Grand Lacs, un organisme non gouvernemental créé par l’UNICEF, Ngabu a travaillé avec environ 130 ex-enfants soldats. Il a précisé qu’ils avaient été renvoyés de l’école de formation militaire de Kyankwanzi en Ouganda vers Bunia en raison de demandes insistantes de l’UNICEF.

Une partie de son travail était de convaincre les parents réticents d’accepter le retour des ex-enfants soldats chez eux. Toutefois, il s’est rendu compte après les avoir visité « qu’il était difficile pour l’enfant de réintégrer son foyer ». Certains déclaraient : « J’aimerais retourner dans la milice car je ne suis pas bienvenu chez moi ».

Le témoin a également indiqué que presque tous les enfants qui étaient revenus d’Ouganda avaient rejoint la milice après que l’UPC, l’Union des patriotes congolais de Lubanga, ait renversé le RDC, le Rassemblement pour la démocratie congolaise, le groupe qui était précédemment chargé de l’Ituri. Le témoin a déclaré, qu’en novembre 2002, tous les rapatriés sauf « 7 ou 8 » avaient intégré l’UPC.

Ngabu a déclaré que bien que certains enfants soldats avaient rejoint volontairement l’UPC à cause de la difficulté de se réinsérer dans la société civile, les autres avaient été contraints de le faire.

Le procureur Julieta Solano McCausland a demandé au témoin l’âge de ces enfants. Il a rétorqué qu’ils avaient entre huit ans et demi et 18 ans.

« La plupart des enfants connaissaient leur date de naissance et elle était indiquée sur une feuille [de papier]. Ils pouvaient nous la communiquer facilement », a déclaré Ngabu. « Un enfant de 8 ans est bien évidemment en mesure de donner une telle information ».

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