- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Un témoin : Un vol de terres a déclenché le conflit

Selon les témoignages de mercredi, la tentative d’une famille riche de Bunia d’expulser l’ethnie Lendu de leurs terres à provoqué le conflit ethnique sanglant de la région de l’Ituri.

Poursuivant son témoignage de la veille, un ancien responsable politique d’Ituri a déclaré à la barre que la famille Savo, issue de l’ethnie Hema et bailleur de fonds de la milice de Lubanga, a utilisé des soldats ougandais pour incendier des maisons appartenant aux Lendus.

Le chef de milice congolais Thomas Lubanga, qui doit répondre devant la Cour pénale internationale des charges d’enrôlement et d’utilisation d’enfants soldats, appartient à l’ethnie Hema de l’Ituri, une région de la République démocratique du Congo.

Le témoin, qui se souvenait avoir vu un village en feu près de Libi dès 1999, a indiqué que la famille Savo avait contacté les forces ougandaises présentes à ce moment-là dans la région. « Le commandant (ougandais) de l’époque avait donné son autorisation et avait demandé à ses soldats de chasser (les Lendus) par la force », a-t-il déclaré.

« C’est la famille Savo qui est à l’origine du conflit, soutenue par les ougandais qui ont commencé à brûler les maisons des Lendus », a-t-il précisé. « Les Lendus se sont enfuis dans la brousse mais, après six mois, ils sont revenus ».

Lors de leur retour, les Lendus étaient armés et c’est à ce moment que le conflit ethnique s’est intensifié.

Aux dires du témoin, pour répondre aux attaques Lendu, les Hemas ont alors créé des milices armées telles que l’Union des patriotes congolais (UPC) de Lubanga.

Interrogé par Jean Chrysostome Mulamba, représentant légal des victimes lors du procès, le témoin a répondu que l’UPC percevait des frais de douanes sur les marchandises pénétrant dans la région, collectait des taxes dans les marchés et obtenait des dons de la part des commerçants. Il a précisé que l’Ouganda a également apporté une aide financière au groupe de Lubanga.

L’équipe de défense de Lubanga, menée par Jean-Marie Biju-Duval, a débuté son contre-interrogatoire mercredi mais il s’est déroulé en grande partie à huis clos.