- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Un témoin : l’Ouganda a entraîné des enfants soldats

Le procès de Thomas Lubanga a repris mardi avec la déposition d’un ancien responsable politique de l’Ituri qui a révélé à la Cour que l’Ouganda entraînait des centaines de combattants congolais, y compris des enfants, qui servaient ensuite dans la milice de Lubanga.

Le témoin a également déclaré que Lubanga vendait des haricots sur le marché de Bunia avant de devenir le porte-parole des milices ethniques Hemas puis le président de l’Union des patriotes congolais (UPC).

Afin de protéger son identité, le nom du témoin n’a pas été donné et sa voix ainsi que son visage ont été déformés lors de la transmission vidéo au public.

Le témoin a toutefois indiqué qu’il était un haut fonctionnaire d’un groupe politique de l’Ituri, une région de la République démocratique du Congo (DRC) où le groupe de Lubanga était en activité.

Il a déclaré ne pas avoir été membre du parti de Lubanga bien qu’il ait travaillé étroitement avec certains des ex-leaders de l’UPC tels que le Chef Kahwa Mandro.

« Kahwa est venu voir (le président ougandais Yoweri) Museveni pour évoquer la possibilité de fournir un entraînement militaire aux jeunes Hemas », a précisé le témoin. « Ces derniers se sont donc rendus à l’école d’entraînement militaire de Kyankwanzi en Ouganda et j’ai eu l’occasion de le visiter lorsqu’ils s’entraînaient.

Le témoin a déclaré à la Cour qu’il s’était par la suite rendu à Kyankwanzi pour ramener dans leur région d’origine des enfants congolais présents dans les camps militaires ougandais.

Lorsque le procureur Nicole Samson l’a interrogé sur l’âge des recrues, le témoin a indiqué ne pas avoir de certitudes.

« Mais je me souviens qu’une fois nous sommes aller chercher des enfants qui étaient à Kyankwanzi. Je crois que certaines organisations de défense des droits de l’homme avaient attaqué l’Ouganda (concernant l’entraînement d’enfants soldats) et nous avions dû les ramener dans leur pays.

« Un grand nombre d’entre eux étaient de jeunes enfants, vraiment petits … Je me souviens de les avoir accompagné chez eux et il s’agissait nettement de mineurs … Ils étaient autorisés à rejoindre l’armée à tout âge », a déclaré le témoin.

Selon ce dernier, des centaines de combattants congolais avaient déjà suivi, à ce moment-là, un entraînement dans le camp de Kyankwanzi d’une durée de deux ou trois mois.

Le témoin s’est également remémoré que l’Ouganda entraînait des commandants à Jinja, une ville située sur la rive du lac Victoria, à l’est de Kampala, et que leur entraînement avait duré six mois.

Il a précisé, qu’à la demande de Kahwa, environ 750 congolais de l’Ituri avaient été entraîné par les ougandais.

« Les 750 soldats appartenaient-ils à un groupe ethnique spécifique ? », a interrogé Samson.

« Oui, ils étaient tous Hemas », a rétorqué le témoin.

« Vous devez comprendre qu’il s’agissait d’un conflit ethnique et que pour sauver leurs vies, les gens étaient contraints de devenir soldats et de subir un entraînement militaire », a-t-il indiqué.