- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Le témoin: le rôle de Lubanga était purement « politique »

Mercredi, les témoignages du procès de Thomas Lubanga ont pris une nouvelle tournure lorsqu’un témoin a suggéré que Lubanga n’exerçait pas un contrôle militaire sur la milice de l’Union des patriotes congolais (UPC) aussi important que décrit précédemment.

Poursuivant son témoignage de la veille, un ex-soldat de l’UPC, désigné sous le nom de témoin 17, a déclaré qu’il n’avait jamais vu Lubanga donner des ordres aux soldats de l’UPC. Cette responsabilité incombait au chef d’état-major de l’UPC, Floribert Kisembo.

Procédant au contre-interrogatoire du témoin, l’avocat de la défense de Lubanga, Catherine Mabille, a demandé au témoin d’éclaircir sa déclaration antérieure dans laquelle il précisait que Kisembo « était au courant de tout » lorsqu’il arriva à la tête des affaires militaires et que c’était « comme si l’armée lui appartenait ».

Le témoin a expliqué : « j’ai remarqué qu’à l’UPC, Kisembo avait une forte influence au sein de l’armée, particulièrement par rapport au commandant Thomas (Lubanga) ». Nous ressentions à l’armée cette influence. Kisembo était très influent. Personne ne parle de l’influence de (Lubanga).

Le témoin 17 a déclaré à la Cour que Lubanga était une figure politique au sein de l’UPC mais que « l’armée n’avait pas tout à fait la même optique ». Le témoin a indiqué n’avoir vu Lubanga qu’une seule fois lors de corvées militaires et avait été surpris de ce qu’il avait pu observer.

« (Lubanga) était une figure politique. Nous l’appelions président », a-t-il déclaré. « Il est exact qu’il pouvait enfiler un uniforme militaire, comme une tenue camouflage, si sa sécurité était menacée mais à Bunia cela n’était pas courant. Nous n’y étions pas habitués ».

Le témoin 17 a également déclaré à la barre que Lubanga avait pu ne pas voir d’enfants soldats lors de sa visite d’Epo, un camp d’entraînement à Bunia.

Il a indiqué que Lubanga était arrivé au camp à bord d’un véhicule qui indiquait qu’il était un responsable de haut rang de l’UPC et que des soldats furent postés près des routes et des tranchées situées autour du camp pour assurer sa sécurité.

« Lorsqu’on reçoit une personne telle qu’un président, il est de coutume de la saluer avec respect mais cela n’a pas été le cas en cette occasion. Il n’y avait aucune troupe pour l’accueillir. Il est possible qu’il n’y ait pas eu d’enfants soldats à cet endroit. Je pense que probablement il n’a vu aucun enfant soldat ».

Le juge président Adrian Fulford a remercié le témoin d’être venu témoigner à la barre. Le procès se poursuivra demain.