Thomas Lubanga, le chef de milice accusé, a assisté aujourd’hui au témoignage d’un ancien juge originaire de la région d’Ituri de la République démocratique du Congo qui a expliqué les dispositifs de financement de l’Union des patriotes congolais (UPC) entre 2003 et 2005.
Le témoin s’est présenté comme étant Jacques Kbaselli Nbemzeli, ancien président du Tribunal de grande instance de Bunia. Il a déclaré à la Cour que l’UPC collectait de l’argent auprès des commerçants « en pleine journée ».
Il a également indiqué que les commerçants fortunés, tels que ceux d’une famille qu’il a désigné sous le nom de « famille Soto », travaillaient selon un accord leur permettant de payer des droits de douane moins élevés sur les marchandises qu’ils importaient en échange de dons à l’UPC.
Nbemzeli a déclaré à la barre qu’il pensait que la famille Soto était étroitement liée à Lubanga mais qu’il n’avait pas connaissance de la nature exacte de ces rapports.
Mais ces relations ont également été profitables à Nbemzeli. Lors d’un séjour dans une prison de l’UPC, il a reçu la visite d’un membre de la famille Soto qui lui a déclaré qu’après le retour de Lubanga d’Ouganda, il s’entretiendrait avec ce dernier afin d’assurer la libération de l’ancien juge.
Nbemzeli a précisé avoir été libéré peu de temps après, sur ordre direct de Lubanga.
Il a indiqué avoir souffert du régime imposé par l’UPC.
Lorsque Nbemzeli fut invité par l’avocat de la défense, Jean-Marie Biju-Duval, à expliquer comment il était parvenu à vivre pendant cette période, il a répondu : « C’est peut-être un secret que je partage avec Dieu. Je dirais que nous avons beaucoup prié. Nous n’avons reçu aucune aide du gouvernement central. J’avais des vaches mais elles ont été décimées et, encore aujourd’hui, je le déplore profondément ».
Au terme de l’interrogatoire, le juge Adrian Fulford a adressé à Nbemzeli ses « plus vifs remerciements » pour avoir témoigné devant la Cour.
Un nouveau témoin se présentera demain à la barre.
