Rapports quotidiens

17 Mars 2009

Le témoin indique que ses incohérences sont dues à la peur

Par Meribeth Deen

Mardi, au cours du procès du chef de milice inculpé, Thomas Lubanga, les avocats de la défense ont remis en cause les témoignages contradictoires d’un témoin ayant déclaré avoir été enlevé et être devenu un enfant soldat.

Le témoin, bénéficiant de l’anonymat, a indiqué devant la Cour pénale internationale que ses divergences résultaient de sa peur de dire la vérité aux enquêteurs lors de son premier interrogatoire dans un camp de la Croix-Rouge internationale en 2005.

L’avocat de la défense de Lubanga, Jean-Marie Biju-Duval, a constaté des différences entre les dépositions du témoin de 2005, 2006 et 2008 et le témoignage qu’il a effectué jusqu’à présent à la barre.

Dans ses déclarations récentes, le témoin a affirmé avoir été enlevé par des soldats de Lubanga en fin de matinée à la sortie de l’école.

Il a déclaré avoir aperçu, avec d’autres écoliers, un véhicule militaire depuis la salle de classe et avoir supposé qu’ils étaient venus pour les protéger.

Bien que le témoin et les autres écoliers aient su que des enfants d’autres villages avaient été forcés de devenir enfants soldats, il a indiqué avoir quitté l’école tandis que les autres écoliers étaient restés dans la classe ou étaient sortis dans la cour de récréation.

Il a précisé que les soldats avaient ensuite entouré l’école et avaient forcé certains écoliers à monter à bord d’un véhicule pour les emmener dans le camp militaire d’un village voisin.

Après que le témoin ait confirmé ce récit, Biju-Duval a lu un extrait de sa déclaration de 2005 dans lequel le témoin déclarait avoir été enrôlé chez lui.

Lorsqu’il fut invité à expliquer les différences, le témoin a indiqué avoir eu peur de parler à « l’homme blanc » qui lui posait de nombreuses questions.

Il a précisé que lorsqu’il a compris que les entretiens étaient « importants », il a dit la vérité, à savoir qu’il avait été recruté en sortant de l’école.

À la suite de son recrutement, le témoin a déclaré avoir été emmené dans un camp militaire pendant moins d’un mois puis dans un autre camp pendant plusieurs mois avant d’être finalement envoyé dans un troisième camp.

Lorsque Biju-Duval a interrogé le témoin sur la raison pour laquelle les noms des camps différaient entre les déclarations, le témoin a indiqué avoir pensé que « l’homme blanc » aurait pu enregistrer ses déclarations pour la radio.

« Vous ne pouvez pas comprendre », a déclaré le témoin à la Cour, « parce que vous êtes en Europe. Je ne connais pas la situation sur le plan de la sécurité en Europe mais chez nous les gens meurent de toutes les manières possibles.

« Si vous êtes interviewé par un blanc puis diffusé à la radio, vous pouvez être tué ».

Le témoin devrait poursuivre son témoignage demain.

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