- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Le témoignage de l’ex-enfant soldat remis en question

Mercredi, au cours du procès de Thomas Lubanga, un témoin a reconnu des contradictions entre son témoignage à la barre et ses déclarations antérieures faites auprès des procureurs de la Cour.

Lors du contre-interrogatoire mené par l’avocat de la défense, Marc Desalliers, le témoin, désigné à la barre sous le pseudonyme de Patrick, a convenu que ses déclarations renfermaient des informations contradictoires concernant les affrontements dans lesquels il avait combattu, la durée de son enrôlement dans la milice et la manière dont il avait rejoint celle-ci.

Durant des entretiens avec les enquêteurs de la CPI en 2005, Patrick avait déclaré ne pas pouvoir oublier la bataille de Lipri : « car c’était la première fois que j’ai tué quelqu’un ».

Desalliers a rappelé à Patrick qu’il avait indiqué à la Cour qu’il avait tiré sur des gens lors d’un affrontement antérieur dans un lieu dénommé Barrière.

« Donc … la première fois que vous avez tué quelqu’un, c’était à Barrière et non à Lipri ? », a interrogé Desalliers.

« Oui », a répondu Patrick.

Patrick avait fait aux procureurs une déclaration selon laquelle il avait combattu à Bunia et Lipri. Mais, à la barre, il a ensuite déclaré qu’il n’avait combattu qu’à Lipri et Barrière.

« Est-il vrai que vous avez fourni de fausses informations dans votre demande de participation ? », s’est enquis Desalliers.

« Peut-être que je l’ai dit mais je n’ai pas participé à la bataille de Bunia », a rétorqué Patrick.

« Pouvez-vous nous expliquer pourquoi la bataille de Barrière n’est pas du tout mentionnée dans ce document ? », a demandé l’avocat, faisant référence à sa déclaration antérieure.

« Je ne me souviens plus. Il n’y avait aucune raison de ne pas le dire … mais je sais que je n’ai pas combattu à Bunia », a répondu Patrick.

Desalliers a demandé à Patrick pourquoi il avait déclaré à la barre avoir rejoint volontairement la milice alors qu’il avait indiqué dans sa déclaration aux enquêteurs, en 2005, qu’il avait été contraint de s’enrôler.

« Lorsque les enquêteurs m’ont rencontré pour la première fois (en 2005), je leur ai dit que j’avais été enrôlé de force. Peut-être que l’interprète a fait une erreur », a ajouté Patrick.

Il a également précisé que c’était l’erreur de l’interprète qui, lors de l’audience, avait donné l’impression qu’il avait volontairement rejoint la milice.

Dans sa déclaration de 2005, toutefois, Patrick aurait déclaré qu’il avait rencontré un groupe de combattants de Lubanga « qui lui auraient demandé de les suivre, de se joindre à l’entraînement militaire et de combattre les ennemis Lendu ».

Selon la déclaration, il aurait dit que, à cause de sa haine des combattants de l’ethnie Lendu qu’il pensait responsables de la mort de sa mère, « [il] avait immédiatement accepté de [se] joindre aux membres de la milice », ce qui laisse présager qu’il était volontaire.

Pendant le contre-interrogatoire, Patrick a indiqué que sa mère était vivante à l’époque où il avait rejoint la milice mais il a insisté sur le fait qu’il avait été enrôlé de force.