- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

La défense questionne le troisième enfant soldat

Jeudi, lors d’une courte séance publique, les avocats avaient poussé un ex-enfant soldat à détailler les circonstances de ses présumés enlèvement et conscription dans la milice de l’accusé, Thomas Lubanga.

Le témoin anonyme avait déclaré mercredi aux procureurs qu’il était à l’école lorsqu’il avait aperçu des soldats s’approcher pour emmener des enfants. Il avait alors fui vers sa maison mais les soldats l’avaient suivi chez lui et emmené à bord d’un véhicule pour rejoindre un camp d’entraînement.

L’avocat de la défense, Jean-Marie Biju-Duval, a indiqué que cette version des faits différait de celle que le témoin avait fourni aux enquêteurs lors de sa déclaration de 2005.

Dans sa déclaration d’origine, le témoin ne mentionnait pas avoir vu des soldats à l’école. Il avait déclaré que les soldats étaient venus le soir dans son village.

« J’ai indiqué [dans ma déclaration] le lieu où j’avais été arrêté. Je n’ai pas donné plus de détails », a répondu le témoin, ajoutant que « l’école était ouverte l’après-midi ».

Biju-Duval a ensuite questionné le témoin à propos du véhicule utilisé pour l’emmener avec d’autres recrues dans un camp d’entraînement.

« Combien y avait-il d’enfants dans le véhicule ?”, s’est enquis Biju-Duval.

« Je ne peux pas vous dire le nombre exact », a répondu le témoin.

Biju-Duval ayant insisté à plusieurs reprises sur ce point, le témoin a fini par s’exaspérer.

« Je ne peux vraiment pas vous le dire ! », s’est-il exclamé.

Biju-Duval a fait alors remarquer que dans la déclaration de 2005 du témoin, il indiquait s’être rendu ‘à pied’ au camp d’entraînement.

« Aujourd’hui, vous dites que vous avez été transporté dans un véhicule. Comment expliquez-vous cette différence ? », a interrogé Biju-Duval.

« Lorsque j’ai indiqué ‘à pied’, c’est ce que la milice nous avait dit », a rétorqué le témoin. « Mais une fois arrêtés, nous sommes montés à bord d’un véhicule ».

Le témoin a également déclaré aux procureurs qu’il avait reçu une balle dans la jambe pendant un combat mais qu’il avait toutefois participé au pillage d’un village par la suite.

« Cette blessure ne vous a-t-elle pas empêché… de piller ? », a demandé Biju-Duval.

« Si vous ne faisiez pas de pillage, c’est comme si vous ne faisiez rien [au combat], a précisé le témoin. « Après avoir été recousu, j’ai dû… suivre les autres [et] pavoiser avec eux ».