- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Lubanga utilisait des enfants comme gardes du corps affirme un témoin

Un ancien officier de haut rang de l’Union des patriotes congolais (UPC) a déclaré jeudi que Thomas Lubanga utilisait des enfants comme gardes du corps personnels.

« En tant que président, il avait des gardes du corps. Il y avait des adultes, mais aussi des jeunes qui servaient de gardes du corps », a indiqué le témoin, dont le rôle précis au sein de l’UPC n’a pas été divulgué.

« Lorsque vous utilisez un enfant comme garde du corps, il ne doit s’occuper de personne d’autre. C’est pourquoi on préférait [des enfants] ».

Le témoin s’est exprimé en français, son visage et sa voix déformés numériquement. Mercredi, sa première comparution devant la Cour a suscité une vive réaction inhabituelle chez Lubanga qui, visiblement secoué, a brusquement quitté la salle d’audience.

Le témoin a expliqué jeudi que tous les commandants et les officiers de haut rang de l’UPC avaient des gardes du corps et que la plupart étaient des enfants.

Il a ajouté qu’il avait lui-même disposé à un certain moment de 12 gardes du corps, dont la majorité avait environ 13 ou 14 ans. « Lorsqu’on nous retirait les gardes du corps, c’était pour les envoyer au front, au combat », a-t-il précisé.

Selon lui, certains combattants de l’UPC n’avaient que 10 ans. « Des enfants de cet âge portant des armes, vous en trouvez ».

« Savez-vous comment ces enfants ont été enrôlés dans l’UPC ? », lui a demandé le procureur, Nicole Samson.

Le témoin a répondu qu’il avait entendu que certains enfants rejoignaient l’UPC pour avoir du travail. D’autres étaient recrutés dans des familles contraintes de donner un enfant à la milice. Si une famille refusait de donner un enfant, elle s’exposait à « certaines punitions », a précisé le témoin sans toutefois pouvoir apporter des détails.

Il a déclaré que Lubanga avait publié un décret au printemps 2003 visant à démobiliser les enfants soldats afin d’apaiser les Nations Unies et d’autres groupes de défense des droits de l’homme.

Selon le témoin, ce décret a été lu à haute voix dans le cadre d’une réunion entre Lubanga et ses officiers de haut rang.

« Nous avions des difficultés avec les organisations de défense des droits de l’homme qui nous accusaient d’utiliser des enfants soldats ». « Lors de la réunion, le président a lu un décret démobilisant les enfants soldats afin que les organisations de défense des droits de l’homme ne nous posent pas de problème ».

La défense a entamé son contre-interrogatoire en fin de journée et le poursuivra vendredi matin.