Rapports quotidiens

12 Février 2009

Lubanga utilisait des enfants comme gardes du corps affirme un témoin

Par Rachel Irwin

Un ancien officier de haut rang de l’Union des patriotes congolais (UPC) a déclaré jeudi que Thomas Lubanga utilisait des enfants comme gardes du corps personnels.

« En tant que président, il avait des gardes du corps. Il y avait des adultes, mais aussi des jeunes qui servaient de gardes du corps », a indiqué le témoin, dont le rôle précis au sein de l’UPC n’a pas été divulgué.

« Lorsque vous utilisez un enfant comme garde du corps, il ne doit s’occuper de personne d’autre. C’est pourquoi on préférait [des enfants] ».

Le témoin s’est exprimé en français, son visage et sa voix déformés numériquement. Mercredi, sa première comparution devant la Cour a suscité une vive réaction inhabituelle chez Lubanga qui, visiblement secoué, a brusquement quitté la salle d’audience.

Le témoin a expliqué jeudi que tous les commandants et les officiers de haut rang de l’UPC avaient des gardes du corps et que la plupart étaient des enfants.

Il a ajouté qu’il avait lui-même disposé à un certain moment de 12 gardes du corps, dont la majorité avait environ 13 ou 14 ans. « Lorsqu’on nous retirait les gardes du corps, c’était pour les envoyer au front, au combat », a-t-il précisé.

Selon lui, certains combattants de l’UPC n’avaient que 10 ans. « Des enfants de cet âge portant des armes, vous en trouvez ».

« Savez-vous comment ces enfants ont été enrôlés dans l’UPC ? », lui a demandé le procureur, Nicole Samson.

Le témoin a répondu qu’il avait entendu que certains enfants rejoignaient l’UPC pour avoir du travail. D’autres étaient recrutés dans des familles contraintes de donner un enfant à la milice. Si une famille refusait de donner un enfant, elle s’exposait à « certaines punitions », a précisé le témoin sans toutefois pouvoir apporter des détails.

Il a déclaré que Lubanga avait publié un décret au printemps 2003 visant à démobiliser les enfants soldats afin d’apaiser les Nations Unies et d’autres groupes de défense des droits de l’homme.

Selon le témoin, ce décret a été lu à haute voix dans le cadre d’une réunion entre Lubanga et ses officiers de haut rang.

« Nous avions des difficultés avec les organisations de défense des droits de l’homme qui nous accusaient d’utiliser des enfants soldats ». « Lors de la réunion, le président a lu un décret démobilisant les enfants soldats afin que les organisations de défense des droits de l’homme ne nous posent pas de problème ».

La défense a entamé son contre-interrogatoire en fin de journée et le poursuivra vendredi matin.

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