Rapports quotidiens

3 Février 2009

Des filles utilisées pour offrir des « services sexuels » selon un témoin

Par Rachel Irwin

Mardi, un ancien membre de la milice de Thomas Lubanga a indiqué aux juges de la Cour pénale internationale (CPI) à la Haye que des commandants de cette milice obligeaient de jeunes filles kidnappées à offrir des « services sexuels ».

« J’entendais les cris des filles de mes propres oreilles », a indiqué le témoin anonyme, poursuivant son témoignage de vendredi. « Il y avait une rangée de baraques pour les commandants [dans le camp d’entraînement] et on entendait les filles crier « non, je ne veux pas ».

Le témoin a indiqué que ses compagnons d’armes et lui-même n’étaient pas « suffisamment gradés pour pouvoir intervenir ».

Lubanga, chef de l’Union des patriotes congolais (UPC), est accusé de conscription et d’utilisation d’enfants soldats au sein de sa milice afin qu’ils combattent dans les conflits ethniques qui ont fait rage en 2002 et 2003 en Ituri (République démocratique du Congo).

Si les charges de viol ou d’esclavage sexuel n’ont pas été retenues à l’encontre de Lubanga, tant les représentants de l’accusation que ceux des victimes ont mis l’accent sur ce point dans leurs exposés introductifs.

Le témoin, dont la voix et le visage étaient déformés numériquement pendant sa déposition, a indiqué à Manoj Sachdeva qu’il avait souvent vu la même fille avec un commandant des semaines durant, ce qui avait suscité des commentaires de la part des soldats.

« Les soldats posaient souvent des questions à la fille », a-t-il déclaré. « [Comme,] Tu es la femme du commandant en chef et c’est pour ça que tu ne vas pas te battre ».

Il a par ailleurs précisé que les filles servaient aussi d’aides domestiques et de gardes du corps pour les commandants.

La défense n’a toutefois pas procédé à un contre-interrogatoire du témoin sur les filles soldats, laissant le soin au juge Elizabeth Odio Benito d’interroger elle-même le témoin.

Celui-ci a expliqué à Benito que les filles et les garçons suivaient le même entraînement et que les filles tiraient et allaient au combat

Il a encore ajouté qu’elles avaient une fois été flagellées pour « avoir passé la nuit dans les baraques des entraîneurs ».

Lorsque la défense de Lubanga a demandé si les soldats consommaient de la drogue, le témoin a indiqué que cette pratique était courante quel que soit le grade.

« Certains soldats prenaient de la drogue, du chanvre », a-t-il déclaré par la suite aux procureurs. « C’était interdit. Mais … [les soldats] de tous âges consommaient de la drogue… les officiers, les capitaines et les majors…même les peu gradés. Il y avait un enfant qu’on appelait Rasta – il se droguait ».

Le procès reprend demain matin avec le témoignage d’un parent du premier témoin de l’accusation, un jeune homme qui est dans un premier temps revenu sur sa déclaration dans laquelle il affirmait avoir été kidnappé et emmené dans un camp d’entraînement de la milice de Lubanga.

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