- Le procès de Lubanga devant la Cour pénale internationale - https://french.lubangatrial.org -

Pour la défense lubanga est un bouc émissaire

Les avocats de Thomas Lubanga ont déclaré aujourd’hui que le chef de milice inculpé sert de bouc émissaire pour d’autres qui portent « de très lourdes responsabilités » pour la conscription d’enfants soldats par la milice et d’autres atrocités.

Lundi, Lubanga a plaidé non coupable aux charges d’enrôlement et d’utilisation d’enfants soldats au sein de sa milice, les Forces patriotiques pour la libération du Congo.

La milice aurait été la branche militaire du mouvement politique de Lubanga, l’Union des patriotes congolais (UPC), qui a combattu de 2002 à 2003 dans la région de l’Ituri, en République démocratique du Congo (RDC).

Jean-Marie Biju-Duval, avocat de la défense, a déclaré devant la Cour pénale internationale que Lubanga était le chef politique de l’UPC et qu’un procès devait être intenté contre le chef d’état-major de la milice.

Le Président de la RDC, Joseph Kabila, a des responsabilités dans cette affaire étant donné que l’ancien chef d’état-major, Floribert Kisembo, officier de l’armée congolaise, reste en liberté, a-t-il indiqué.

Biju-Duval a accusé Kabila et l’armée congolaise de continuer à enrôler des enfants soldats, comme le faisait le père de Kabila, Laurent Kabila, ancien président de la RDC jusqu’à son assassinat début 2001.

« Les plus puissants en Ituri sont épargnés », a déclaré Biju-Duval. « Thomas Lubanga est accusé à la place de ceux qui auraient dû être poursuivis ».

Toujours selon Biju-Duval, les chefs du gouvernement du Rwanda et de l’Ouganda, qui ont fourni des armes et soutenu diverses milices en RDC, sont eux aussi coupables.

« La CPI ne peut pas poursuivre tous les suspects », a-t-il ajouté, mais elle doit résister à la tentation de déclarer Lubanga coupable par « procuration » pour les absents.

Catherine Mabille, l’avocate principale de Lubanga, a déclaré à la Cour que la menace de charges supplémentaires à l’encontre de son client était « injuste et mettait la défense dans une position délicate ».

Mabille a contesté les accusations à l’encontre de Lubanga le portant responsable de violences sexuelles et d’actes d’esclavagisme commis par la milice.

« Ces accusations ne visent pas mon client », a-t-elle indiqué à la Cour. « Les représentants des victimes ne peuvent imputer à mon client des crimes qu’il n’a pas commis ».

Mabille a soulevé qu’il serait difficile pour Lubanga de bénéficier d’un procès équitable compte tenu des nombreux retards et des audiences à huis clos entre les procureurs et les juges de la CPI, sans oublier la tendance de la presse à « condamner [la partie défenderesse] avant son procès ».

« Aux yeux de la grande majorité [des gens], la présomption d’innocence disparaît dès qu’un mandat d’arrêt est délivré », a-t-elle encore ajouté. « C’est précisément dans ces conditions qu’il comparaît [en ce moment] devant la Cour ».